Mutique depuis plusieurs années, Colette nous sourit en mars, mais nous quitte en juin.
Salut Tati.
Chats numéros 8 et 9
Ne constatant aucun fléchissement de leur voracité alimentaire ni de la permissivité des maîtres qui continuent au moindre miaulement plaintif à offrir croquettes ou abandonner reste d’assiette à lécher (au moins c’est bon pour NOTRE régime), on soupçonne une nouvelle prise de poids qu’un vétérinaire trop zélé risquerait de nous reprocher. On prive ainsi les deux animaux non pas d’alimentation superflue mais de leur onéreuse visite annuelle chez le praticien.
Outre la porte d’entrée qu’on ouvre certainement trop souvent à leur seule intention, ils disposent d’un circuit d’entrée/sorte constitué d’une chatière, d’un sas (pour être précis des toilettes dont les utilisateurs non avertis peuvent se trouver surpris) et d’une fenêtre sur cour toujours ouverte. Les frimas venant et le gaz augmentant (apprend-on au moins par voie de presse), on décide d’autoriser le transit par la fenêtre fermée via une deuxième chatière insérée dans le dernier carreau. On pose une superbe étagère supplémentaire qui avec la précédente constitue un joli petit escalier en montée comme en descente. Les travaux sont une réussite absolue. Dans un souci pédagogique, on amène les chats à pratiquer le praticable en les y poussant d’abord délicatement puis plus fermement. Si l’un finit par passer et à s’enfuir en poussant des cris qui montrent son mécontentement, le 2ème réussit à opérer un demi-tour et manifeste le sien en laissant quelques griffures au maître présomptueux. La fenêtre, depuis, reste ouverte, ce qui n’empêche pas d’aller leur ouvrir la porte quand ils le demandent gentiment.
Enfant numéro 1
Après plusieurs années de CDD, se voit enfin proposer par le Ministère des Armées un CDI réhaussé d’une nomination à la fonction d’adjoint au chef du bureau. Comme elle n’a pas l’air enthousiasmée par ce qui paraît un package, et émet quelques doutes sur l’adéquation du poste proposé à ses desiderata professionnels, les parents s’affolent (les parents, ça s’affole) craignant la voir sans emploi du jour au lendemain. Il n’en sera rien car ils comprennent finalement que le CDI est acté et le poste en option. Elle finit par l’accepter et prend ses nouvelles fonctions au bout de trois mois, mais attend toujours au bout de six la nomination officielle et la gratification induite (le Ministère, ça s’affole pas).
D’agréables rencontres déjeunatoires se passent souvent dans un petit bistrot du quartier Balard, à côté de son lieu de travail qu’elle regagne quotidiennement à bicyclette, qu’il neige, pleuve ou vente.
Toujours à bicyclette, elle est la première à visiter à Dreux (qu’elle a rejoint depuis Montreuil) la tombe de sa grand-tante Colette. Elle court aussi en couple un semi-marathon sans bicyclette, un circuit Morlaix Deauville via Ouessant avec, un trek dans le Pilat (dont on se fait expliquer que c’est un massif montagneux situé à l'est du Massif central sans rapport avec la dune du même nom) sans, le plateau de Millevaches.et un Dijon-Mâcon, avec.
Enfant numéro 2
Toujours chez PPD, émet quelques doutes sur l’adéquation du poste occupé à ses desiderata professionnels. Les parents s’affolent (voir plus haut) avant de comprendre avec lui qu’un télétravail ininterrompu depuis les premiers jours du confinement peut finir par taper sur le système et que lui manquait la chaleur humaine qui émane d’une team efficacement (voire sévèrement) buildée.
Il retrouve la chaleur humaine avec un collègue très toussant et trop causant qui s’avère positif au Covid. Il retourne travailler à domicile le temps de purger un nouveau confinement de cas-contact.
Outre le ski, dont il s’achète une paire plus quelque chose que la précédente (pour les nuls, le « plus quelque chose » permet d’aller plus vite, surtout dans les descentes), continue escalade et bloc (pour les nuls : nous, on n’a pas compris la différence) ainsi que le parapente, un stage de plongée en couple qui lui donne un niveau qui lui permet de faire des trucs qu’il ne ferait pas sinon, inaugure déguisé en scout un week-end au Hellfest, festival de groupes bruyants d’où il envoie aux parents une vidéo du « Smoke on the Water » interprété par Deep Purple (pour les nuls Ta ta taaa, ta ta tadaaa, Ta ta taaa ta taaaa – à peu près).
On ne manque pas de prendre la photo imposée par le calendrier qui indique que 33 x 2 = 66 (ce qui restera toujours vrai mais moins contextuel).
Après l’obtention de sa thèse, sa compagne invite quelques proches à fêter l’évènement dans un bar semi-privatisé de la rue des Dames. L’endroit est chaleureux mais petit et la consommation appuyée de produits diurétiques provoque un point d’accumulation devant une unique porte. C’est à cette occasion qu’on se voit abordé par un sympathique inconnu (issu de la moitié non privatisée du lieu) qui s’intéresse au motif de la petite sauterie. On explique qu’il s’agit d’une thésarde qui fête sa thèse dans le cadre d’un programme d’éducation thérapeutique en hématologie pédiatrique. L’autre prend un air pénétré pour affirmer sentencieusement que « c’est mieux qu’une innovation c’est un progrès ». On se demande encore ce qu’il a voulu dire, et finalement, il a peut-être dit le contraire. Pendant ce temps, le père de la thésarde mitraille au Nikon, mais cette scène a sans doute échappé à son objectif.
On découvre le spritz au sureau qu’on essaiera d’oublier.
Enfant numéro 1 et 2
S’associent pour offrir conjointement à leur père un whisky breton et tourbé à l’occasion de sa retraite. Participent à un voyage à quatre et à Dreux pour le premier acte d’un hommage à Colette, puis plus joyeusement à Malakoff à un dîner pré-Noël entièrement cuisiné par leur mère.
Retraite numéro 1
Voit arriver avec joie et délectation sa deuxième non-rentrée scolaire et ne manque pas, chaque fois qu’elle aperçoit un groupe de plus de quatre enfants à lâcher dans un grand soupir de soulagement « ah, non, vraiment faire ça, je ne pourrais plus ».
Emet parfois quelques regrets quand arrive mensuellement une peu grassouillette somme allouée par l’administration (en plus ils appellent ça « pension ») de n’avoir pas, pour deux mois (mais une année scolaire entière) obtenu l’avancement au « cinquième échelon hors classe » qui aurait mis du beurre dans le pécule.
Inscription à un cours de gymnastique « senior » où les petits vieux du quartier viennent s’éclater trois fois par semaine.
Boulot er retraite numéro 2
On avait tout prévu : on avait projeté de terminer un dernier mois en piste par un « instant de convivialité », plus communément appelé « pot de départ » où l’on retrouverait quelques têtes sympathiques, et d’autres que les conventions ne permettent pas de ne pas inviter. L’entreprise tombe à l’eau pour les raisons que l’on sait (on est fin janvier 2022 et l’omicronne pointe ses petits bras pleins de ventouses : la convivialité est proscrite). On se contente d’écrire un long petit mail résumé ici en quelques points clé : 1) J’ai commencé ma carrière grâce au top du top de la technologie française, petit bijou des PTT que tous les présentateurs branchés de la télé laissaient ostensiblement traîner sur leur bureau : le Minitel et son débit asymétrique de 75/1200 bauds (pour les nuls, une de ces jolies petites photos qu’on envoie par Whatsapp mettrait vingt minutes à s’afficher) 2) Le CdROm ce petit rond de plastique argenté qu’on trouve encore dans certaines campagnes comme épouvantail à corbeaux fut d’abord un outil de stockage révolutionnaire dont les premiers lecteurs coutaient aussi cher que le reste du PC 3) Si vous ne vous êtes jamais pris la tête avec le format des dates pour ne pas confondre le 3 novembre et le 11 mars, ne dites pas que vous avez fait de l’informatique (ce qui n’est d’ailleurs pas un déshonneur) 4) J’ai toujours voulu travailler dans une petite boîte, mais c’était sympa de bosser avec vous 5) C’était sympa de bosser avec vous, mais je préfère écouter Bob Dylan.
On propose aux destinataires de venir clandestinement prendre une part de galette froide pour que l’instant ne soit pas trop convivial. La galette ne remporte qu’un succès d’estime mais on est invité à un meeting surprise et virtuel sous Skype, ou Teams ou Zoom, (quel que soit le logiciel en vogue à l’époque, sans doute interdit depuis pour cause de faille de sécurité) où les participants proposent un quizz dont les réponses vont de « Positively 4th Street » à « Farewell Angelina » en passant par « Mister tambourine man », ce qui prouve qu’au moins un des points essentiels du message ne leur a pas échappé.
Le dernier jour fait l’objet d’un reportage photographique qui commence par le lever puis le départ du futur retraité, continue par le retraité à son poste de travail sans poste de travail et se termine par le retour à la maison du retraité et la dégustation du whisky offert.
Vaste monde cruel
Ca venait de Chine probablement, d’un pangolin peut-être, c’est toujours là. On n’a plus de nouvelle de l’évolution alphabétique des variants qui semblent coincés sur l’omicronne.
Comme ça semble aller mieux, les cinémas sont complètement ouverts et complètement ouverts à la consommation d’aliments et de boissons dans les salles ce qui donne libre cours aux « crounch crounch » des pop-corn.
Omicronne ou pas, au bout de trois doses, c’est un premier avril que l’un commence à se sentir patraque pour subir fatigue et maux de tête pendant une semaine. L’autre étant déphasé de trois jours, on confine pendant dix, jusqu’à ne plus voir deux petites barres roses sur le bout de plastique.
Le carnet noir commence naturellement par Soulages et se poursuit dans l'ombre un peu plus blanche de Gary Brooker. Le piano de Jerry Lee Lewis aurait pu réveiller toute une salle endormie par les nappes électroniques de Klaus Schulze. Arno nous quitte après avoir réveillé la toujours pétillante Mireille Mathieu pour chanter la Paloma (adieu). Ronnie Spector suit d'un an son mari maltraitant.
On perd des hommes politiques de tout bord : Krivine, Pons et Gorbatchev, la reine Elisabeth II qui ne voulait pas en faire, les reines de la nuit Régine et Dani, Miss Tic dont les filles libres continuent à dire sur les murs parisiens « fais de moi ce que je veux » ou « je croyais en rien mais je n’y crois plus », Vangelis Papathanassiou qui a perdu son nom de famille en quittant Aphrodite’s child dont le « infinity » sur « 666 » permettait à Irène Papas de pousser quelques cris mémorables.
Et aussi Godard, Trintignant, Bouquet, Pelé, Sempé, et Teulé récemment réédité chez Fakir
Philippe Alexandre qui, chez les guignols, disputait les cahuètes à Serge July
Benoit XVI ferme la marche.
Après une défaite de justesse en finale de LA coupe du monde, celle qui réconcilie les Français et l’aurait fait remonter dans les sondages, le Président semble s’imaginer que quelques papouilles à Mbapé auront le même effet que sa victoire de la dernière fois (celle où « il leur a parlé en footballeur », nous citons). L’autre nettement moins tactile se dérobe à tel point qu’on entend « vazy casse-toi » encore plus fort et clair que s’il l’avait vraiment crié.
FCK PTN, ces six lettres sur tissu bleu et jaune auxquelles il ne manque que les voyelles ne constituent qu’un T-Shirt dérisoire exprimant une opinion consensuelle. Il serait plus méritoire d’aller le porter en Russie. Mais comme l’écrivit (sans avoir le temps de nous le chanter) Tonton Georges « J'ai conspué Franco la fleur à la guitare durant pas mal d'années, faut dire qu'entre nous deux, simple petit détail, y avait les Pyrénées ! ».
Petit voisinage étrange
Notre fidélité à la boulangerie « du coin » est depuis longtemps récompensée par une carte du même nom, totalement matérialisée par un bout de carton qui reçoit un coup de tampon certifiant en bonne et due forme chaque achat d’une tradition (pour les nuls, la tradition est une baguette plus chère que la baguette, mais généralement plus mangeable). En cas de pénurie d’encre, le tampon peut être remplacé par une vague croix faite au stylo. Cela importe peu tant qu’au bout d’un certain nombre de tampons ou de croix, le fidèle client est récompensé par une tradition gratuite. C’est la tradition, bien entretenue entre des vendeuses connues et des clients reconnus. Un beau jour, on tombe sur une vendeuse inconnue qui explique que la boulangerie a mis fin à la tradition de la carte de fidélité. On proteste en expliquant que pour les nouveaux clients bon d’accord peut-être, mais que pour les fidèles entre les fidèles, il paraît exagéré de mettre fin si brutalement à ce qu’on pourrait appeler un contrat moral. Comme l’inconnue ne veut rien entendre, on remballe sa carte en pensant avec mansuétude « je la pardonne car elle ne sait pas ce qu’elle fait ». On revient le lendemain soulagé de retrouver cette fois un visage connu avec qui on échange un sourire complice et à qui, avec la confiance de celui qui sait qu’il va obtenir justice, on tend la précieuse carte qu’elle déchire aussitôt en huit morceaux en expliquant « c’est fini, le Mollah ne veut plus ». Pas sûr d’avoir compris tous les mots, on se relance dans une protestation de principe en prenant l’air indigné de celui qui vient de subir la pire des trahisons en perdant sa 10ème tradition gratuite. Après quelques détails techniques sur l’augmentation des coûts de production (la farine mais pas encore le gaz), tombe la conclusion comme un couperet : « C’est pas nous qu’on décide c’est le Mollah ». Cette fois certain d’avoir bien entendu, on convient d’offrir notre clientèle à une boulangerie plus laïque.
Voyages
On repart en Irlande pour l’impeccable er désormais plus que classique trilogie Killarney, Dingle, Galway. Grâce à un avoir aérien qui majore de 20% le prix du vol acheté en 2020, on ne paie que 10% de plus. On s’aperçoit qu’on a encore beaucoup à apprendre du pays quand, commandant un « fresh cod from the Galway bay » on se retrouve avec un fish and chips.
Les agneaux naissants sont toujours aussi mignons à tel point que se développe un business consistant à faire payer le touriste pour prendre une photo où il porte dans ses bras le charmant petit animal qu’il dégustera peut-être rôti le lendemain. En revanche, quasi-disparition du délicieux (quoique les avis Malokoffiots soient très partagés sur ce point) black pudding qui faisait partie intégrante du « Irish breakfast » : « Les touristes n’aimaient pas ça », nous explique-t-on. (Pour les nuls, le black pudding est une tranche de boudin noir saisie à la poêle).
En Ecosse que l’on re-découvre enfin après 37 ans d’absence, on devient un client fidèle de CalMac Ferries qui fait passer d’île en île sur des traversées qui durent entre dix minutes et six heures. Au pays du whisky, on prend l’habitude de boire un whisky par jour, fort légalement dosé à 2,5 cl, sauf à Glasgow où on peut commander un double (5 cl, donc) et quitte à doubler en prendre un deuxième. Un peu comme en Bourgogne où les noms de la route des vins font rêver on se retrouve sur Islay (prononcer aïe-la) au pied d’un panneau indicateur qui laisse le choix d’aller à Bowmore ou à Ardbeg. On fera les deux, non sans poser devant les huit distilleries accessibles de l’île, dont on s’entraîne à réciter par cœur les noms, comme pour les dix crus du Beaujolais (essayer pour voir).
Un beau matin, on se retrouve entre Français au petit déjeuner du B&B du jour. La dame dont on a compris qu’elle n’adhérait pas au principe britannique du petit déjeuner avec œufs, bacon, champignons, saucisses et haricots sur toast se voit apporter une petite tranche noire saisie à la poêle et pousse un cri d’orfraie en découvrant que le pudding quand il est black n’est pas un dessert (pour les nuls, voir plus haut). On lui explique doctement de quoi il retourne sans oser lui suggérer que puisqu’elle ne le mange pas…
On essaie le kilt dont on s’aperçoit qu’il pèse un âne mort, et bien que n’en portant pas, comme résultat d’une promenade dans une nature sauvage seulement traversée par le viaduc du train de Harry Potter, on est mordu par une tique qu’on découvre trois jours plus tard bien accrochée au mollet. On passe une heure à lire les détails des conséquences possibles de bactérie Borrelia, et de la maladie de Lyme (en sautant le chapitre sur la rickettsiose et sa fièvre boutonneuse méditerranéenne, les encéphalites virales et les fièvres hémorragiques) et trois semaines (jusqu’à la visite d’un dermatologue rassurant quoique Malokoffiot) à essayer de les oublier.
Par deux fois, on assiste aux Jeux : Highland Games, série de concours artistiques (cornemuse et danse) ou sportifs dont on retient 1) Le lancer de tronc, pour lequel, sans vouloir critiquer, le niveau nous a paru assez faible, le gagnant haut la main étant le seul qui n’était pas obligé d’opérer un repli stratégique pour éviter de prendre son propre lancer sur le coin de la figure. 2) Le saut de botte de foin, qui présente quelques similitudes avec le saut à la perche mais on remplace la perche par une fourche et le sauteur par une botte de foin
On passe à Nice pour une confrontation Hockney/Matisse, à la grenouillère de la Madelaine-sous-Montreuil pour une expérience culinaire, à Saint-Maurice l’Exil pour un anniversaire, à Wimereux pour la mer et un restaurant où, après avoir consommé la première moitié d’une bouteille, on ose signaler au sommelier comme un goût de bouchon. « S’il y a un doute, c’est qu’il n’y a pas de doute » lance-t-il en plongeant le nez dans un verre qu’il vient de se servir. Après avoir fait remarquer que le vin n’était pas bouchonné mais anormalement oxydé, il propose une bouteille d’un autre cru de remplacement qu’on savoure jusqu’au bout. Il revient en fin de repas servir un plein verre d’une autre bouteille de la première cuvée afin de nous persuader que ce qu’il nous avait conseillé était excellent. Comme il avait, en début de repas, également conseillé un excellent whisky et un excellent champagne, on est content de notre soirée et que le restaurant soit dans l’hôtel.
Musique et autres distractions
Après trois reports sur deux ans, on assiste à la Seine musicale à la représentation du Roméo et Juliette de Millepied.
On aurait pourtant eu le temps, mais on a commis l’erreur de ne pas lire même un résumé du drame Shakespearien dont on se rappelle vaguement qu’il y a une histoire de balcon et qu’il a remplacé les Sharks par les Capulet et les Jets par les Montagu (à moins que ce ne soit le contraire, mais cela importe peu dans une version exclusivement dansée). On repère vite la belle Juliette à la longue chevelure et Roméo qui a le bon goût de porter un costume assorti. On se demande au bout d’un moment qui est cette fille en minijupe et aux cheveux très courts qui semble étrangement proche de Juliette, jusqu’à un pas de deux très beau et très lascif dansé en dehors de la scène mais retransmis en temps réel sur un grand écran vidéo. Rétrospectivement, on se rappelle avoir vu en introduction une photo de la belle aux cheveux longs surmontée du prénom « Roméo » et une de la belle aux cheveux courts surmontée d’un « et Juliette ». On comprend aussi que le faux Roméo n’était que le fameux Benvolio, son cousin et ami. Comme ils dansent tout le temps, c’est aussi un peu compliqué de repérer la scène du bal. (Pour les nuls, on ne vous en veut pas : on a eu du mal). Mais c’était très beau… et très lascif.
Dylan remet les pieds en Europe et à Paris pour trois jours. L’un y va d’abord seul le mardi, puis les deux Malkoffiots y retournent le jeudi (dans le but louable de tenir compagnie à deux Rennais).
Tandis que l’un, tout à son excitation d’être encore là devant un artiste qui est encore là serait capable de monter sur le rebord du balcon pour voir de plus près, l’autre qui, dès lors qu’elle a des skis aux pieds peut s’avancer au bord d’un précipice d’un air émerveillé pour voir de plus près les 1000 mètres de piste à redescendre en s’extasiant « comme c’est beau, tu trouves pas ? », alors que l’un, cinq bons mètres en arrière n’arrive qu’à bafouiller un « bon, on y va ? » (sous-entendu « pourquoi t’ai-je suivie, je veux mourir ou être téléporté immédiatement au bar d’en bas»). L’autre, donc, au balcon du Grand Rex est prise d’un insurmontable vertige qui la cloue au fond de son siège dès qu’elle regarde la scène. Grâce à une ouvreuse compréhensive qui pense sans doute que le vieux Bob n’apprécierait pas une chute de spectatrice pendant son concert, elle se voit offrir par dérogation une place à l’orchestre, plus une autre pour sa copine solidaire.
Pour les nuls, résumons en une seule leçon que le vertige est une trouble bien étrange.
Le spectacle se déroule sans encombre, la set-list est la même que l’avant-veille et visiblement que lors des trente derniers concerts. Mais le solo d’harmonica du classique « When i paint my masterpiece » s’est déplacé à la fin du moins connu « every grain of sand ». On a la confirmation que l’artiste dit maintenant au moins trois fois « Well, thank you » et que quelqu’un a dû lui signaler qu’il était à Paris puisque « I’ll be your baby tonight » devient « I’ll be your baby ce soir ».
Au niveau forme physique, il y aurait à redire puisqu’il sort à trois reprises seulement de derrière son piano cachette (d’où seule sa tête dépasse généralement) pour se montrer au public, vacillant sur ses cannes et qu’il semble même qu’il serait tombé sans le secours de son fidèle bassiste. On se demande un peu ce qui le pousse à être là, mais on reste content qu’il y soit.
On achète le troisième livre du prix Nobel de littérature (2016) « philosophy of modern songs » en version originale. C'est seulement grâce à un article de presse qu'on comprend que les textes écrits à la deuxième personne sur les soixante-cinq chansons de soixante-cinq auteurs qu’il a choisi de commenter sont des références à sa propre histoire.
A l’Opéra, lors de la représentation d’une Flûte enchantée à la mise en scène assez moderne, on voit un nouveau personnage se diriger vers l’échelle qui constitue le seul élément de décor. On l’entend prononcer quelques mots où il n’est question ni de reine de la nuit ni d’oiseleur, mais plutôt de réchauffement climatique. A peine a-t-il commencé sous les insultes de certains spectateurs qui couvrent sa voix que le rideau se baisse et qu’on nous annonce qu’un incident technique est à résoudre. On apprendra le lendemain par voie de presse qu’un membre du groupe Dernière Rénovation s’est attaché à l’échelle à l’aide d’un antivol de bicyclette puis a été embarqué par la police. L’information figurait pourtant sur son t-shirt, mais on n’arrive pas à savoir combien de jours nous restent à vivre
On n’a que l’âge de ses artères
On prend l’habitude de nouvelles activités -intellectuelles ou pas- les après-midis de semaine. On y constate une fréquentation quasiment exclusive de petits vieux qui renvoient un miroir inquiétant. On doit attendre le soir pour retrouver des gens normaux.
Travaux et aménagements
Comme prévu, le superbe rosier Pierre de Ronsard offert le jour du précédent départ en retraite et pourtant planté avec engrais et amour ne passe pas l’année (des pluies boueuses portant le sable du Sahara semblent pouvoir porter le chapeau).
Pour d’évidentes raisons écologiques, mais encore plus évidemment parce qu’Anne Hidalgo (que tous les Parisiens râleurs disent détester mais réélisent à la mairie) décide de rendre payant le stationnement du scooter thermique (ce qui nous ferait la sortie parisienne à 13 euros en moyenne), on décide un investissement dans un scooter électrique. Au vu du prix du modèle repéré (équivalent en performance au modèle possédé), on s’intéresse de plus près à l’entrée de gamme, équivalent 50 cm3 et sa vitesse de pointe annoncée pour 45 km/h. « De toute façon, vous ne prenez jamais le périf, et dans Paris, c’est limité à 30 », annonce le vendeur. Un peu vexé d’être si facilement identifié comme un de ces foies jaunes qui aiment mieux rester en vie que de se faire dézinguer par un automobiliste sur une voie rapide, mais se rendant à l’évidence qu’on a, de tout temps, observé une vitesse de croisière de 40 km/h avec de rares pointes à 50 dans certains tunnels déserts là où cela est maintenant d’ailleurs interdit, on va pour adopter le petit Tilscoot avec son gros coffre en supplément vu que les batteries prennent toute la place ailleurs. La livraison est annoncée pour octobre. Quand on va se renseigner, début décembre, on entend qu’il y a un retard (sans blague ?) mais qu’il devrait arriver à Nantes la semaine prochaine et de toute façon je vous tiens au courant (oui, mais, pourquoi Nantes ?).
Projets et voyages
Aller en Islande, et comme on abhorre la corrida et que le Flamenco nous énerve, passer quelques jours en Andalousie.
Vaste monde cruel
La mort fait partie du programme : sur « le célèbre rallye-raid » (pour les nuls, le « Dakar », ex « Paris »), on déplore le décès d’un spectateur italien, percuté ce mardi 10 janvier par le pilote tchèque Ales Loprais et son équipage.
Après le 2ème (Tim Bogert en 2021), on perd Jeff Beck (entre autres faits d’arme) 1er B de BBA. (Pour les nuls BBA, Beck, Bogert, Appice était un trio de hard rock qu’on pouvait, par exemple, écouter dans une chambre d’étudiant pas trop surmené au milieu des années 70. Pour parler du survivant à qui on souhaite longue vie, ne pas prononcer Apaïce mais Apitché pour faire comprendre qu’on sait bien qu’il est d’origine italienne).
En guise de vœux à la nation, le Président « repense aux vœux que je vous présentais à la même heure il y a un an » et s’interroge « Qui aurait pu prédire […] la crise climatique aux effets spectaculaires encore cet été dans notre pays ? ». Pourtant il semble que l’information aurait fuité depuis une quarantaine d’années puisque « Exxon avait prédit dès 1982 le nombre de ppm (parties par millions) de CO2 présent dans l’atmosphère aujourd’hui ». Il faut croire que ces gens-là ne se parlent pas… ou parlent d’autre chose.
Le Président (encore lui) avec une réforme des retraites qui ne parle plus des fameux régimes spéciaux -si impopulaire chez ceux qui n’en bénéficient pas- mais seulement d’augmentation de l’âge de départ réussit à nous énerver même le gentil Laurent Berger si docile d’habitude et n’est pas loin de rafistoler une Nupes subclaquante conçue et accouchée dans l’urgence.
Comme il ressent une certaine lassitude liée à l’utilisation du « 49.3 », on apprend qu’il est maintenant question de dégainer un très joli et méconnu « 47.1 » qui a l’air très bien aussi pour éviter tout débat long, fastidieux et inutile. (En gros on laisse passer une tempo de vingt jours pour court-circuiter les enquiquineurs de l’assemblée et on valide au Sénat avec les copains de « les républicains »).
Travaux et aménagements
On retourne début janvier pour quelques nouvelles du scooter. Le nouveau gérant qui vient de Boulogne et s’étonne encore que les Parisiens investissent tant dans l’électrique avoue qu’il y a eu un loupé (sans blague ?) mais qu’il devrait arriver de Hollande la semaine prochaine et de toute façon je vous tiens au courant (oui, mais, de Hollande vers Nantes ?).
On attend aussi la livraison d’un insert de cheminée promis pour février, à peu près quand la température remontera. On ne sait si celui-ci devra passer par la Hollande ou Nantes, on se préoccupe seulement, pour l’instant de savoir s’il passera par la cheminée, car comme pour l’ascension de l’Everest, l’arrivée au sommet n’est pas garantie.
Musique et autres distractions
On s'aperçoit qu'on a présumé de ses forces ou de ses compétences dans la langue de Mark Twain et de Woody Guthrie. On achète donc « philosophie de la chanson moderne » (pour les nuls, il s’agit bien de la version française de « philosophy of modern songs » dont le pluriel semble lost in translation).
Parent numéro 1 : Hélène. Bisous et bonne année.
Parent numéro 2 : Didier. Bisous et bonne santé.