Chats numéros 8 et 9

On doit constater une régression dans la relation humains-chats, ces derniers prenant de plus en plus le pouvoir face au laxisme grandissant des premiers qui, peut-être atteints par le gâtisme, cèdent de plus en plus à leurs caprices sur le thème « oui le pépère il va ouvrir la porte au chachat » ou « oui la mémère elle va lui donner à manger (pourvu qu’il se taise) ». Dans un sursaut d’orgueil, on tente de reprendre la situation en main. D’une part en réapprenant aux chachats à passer par la chachatière pour sortir, mais il est nécessaire de pousser leurs grosses fefesses jusqu’à la fenêtre-celle qui est derrière la chachatière- pour les expulser par cette voie qu’ils estiment de moins en moins naturelle. Et d’autre part de les empêcher de monter sur la table en se munissant d’un nouvel outil de dissuasion matérialisé par ce qu’on appelle en jargon technique  un « pchit-pchit à vitres » (rassurons les amis des bêtes, rempli d’eau et non plus de ces détergents qui malgré de jolis noms évocateurs comme « je suis vert », « citron vert », « maison verte », « arbre vert » nous détraquent le temps) en remplacement du pistolet jaune à eau offert par Sosh, qui n’a malheureusement pas tenu plus de trois mois (et après on s’étonne que les gens ne passent pas chez Sosh).

 

 

Chat numéro 8

D’une nature de plus en plus badine, prend l’habitude de ramener dans la maison des compagnons de jeu pas nécessairement volontaires qu’il porte dans sa gueule et tient à présenter à ses maîtres invités par un miaulement spécifique de plus en plus facilement identifiable, particulièrement en pleine nuit. Quand il s’agit d’un rat, on s’avoue satisfait de constater que la partie est terminée, que le vaincu est définitivement hors d’état de proposer une revanche et que la fin du match a eu lieu sous et non pas sur le lit. Quand il s’agit d’une mignonne petite souris qui s’agite encore, voire parcourt la pièce à la recherche d’un abri, on se sent obligé de faire l’effort d’essayer de séparer les joueurs et de récupérer la probable future vaincue, dans un état de fraîcheur parfois discutable avec l’intention la mettre en lieu sûr. Dans certains cas, la récupération d’un animal vivant mais subclaquant soulève un cas de conscience et un problème technico-éthique « j’en fais quoi de ce machin tout mâchouillé qui s’agite encore dans ma main ? ». Parfois on arrive à le relâcher à quelques mètres de la maison après avoir pu lire comme un grand merci dans ses yeux humides. Parfois le chat revient un quart d’heure après avec le même compagnon en poussant les mêmes miaulements et on les laisse se débrouiller parce qu’on va quand même pas y passer la nuit.

 

 

Chat numéro 9

D’une nature de plus en plus gloutonne, prend l’habitude de ramener dans la maison des morceaux de nourriture pas nécessairement volontaires qu’il porte dans sa gueule et tient à présenter à ses maîtres en laissant dépasser une queue qui s’agite encore avant de terminer de les avaler. On évite d’assister à la fin du repas et on se dit que toute tentative d’intervention étant inutile, c’est plus simple comme ça.

 

 

Enfant numéro 1

Toujours à Montreuil d’où après une prolongation du temps de réflexion entamé l’année précédent, elle retrouve la piste (cyclable) de Malakoff et renoue avec la tradition du brunch pré-dominical (en clair le samedi) auquel elle contribue en apportant un mendiant (pour les nuls, il ne s’agit pas d’un SDF ramassé sur au bord de la coulée verte) et un banofee cake. Le tout, dégusté au dessert, est fait maison. Comme on l’en félicite, ainsi que de la silhouette retrouvée de ses 18 ans, celle qu’une année en l’Albion pré-brexitienne mais déjà perfide, ce pays où tous les plats (et pas seulement le fish) se terminent par « and chips » et s’accompagnent généralement de bière à la pinte avait arrondie. Comme, donc, elle annonce qu’elle cuisine tout elle-même délaissant tous produits manufacturés, et provoque la stupeur des parents dont les principaux talents culinaires consistent à reporter correctement sur le micro-ondes le temps indiqué sur la boîte de findus.

 

 

Enfant numéro 2

Paie son tribut au covid 19 (ou la covid 19, on y reviendra, mais on écrira « le ») d’abord de façon passive en étant de la 1ère vague de joyeux skieurs qui au réveil du 2ème jour comprennent en allumant la radio qu’ils auront intérêt à s’intéresser aux horaires des trains de retour bien plus qu’à la météo des neiges, puis plus directement, en contractant le virus qui l’étend cloué masqué plusieurs jours rue des Dames.

La réparation de la machine à laver (rappelons aux moins attentifs qu’il s’était agi d’un replacement de résistance entartrée) reste un exploit technique mémorable mais s’avère insuffisamment pérenne pour éviter un nouveau remplacement (de toute la machine cette fois).


 

En revanche, il se lance en couple dans une rénovation réussie de l’entrée restée dans son jus des années 90 qui arbore maintenant un vert paon en harmonie avec un papier peint végétalisant. (Pour les nuls en couleur mais qui ont un paon sous la main, il s’agit de regarder le bout de la queue et non le haut de la tête, mais ça dépend du paon, il y a même des albinos et là on peut toujours courir pour le vert et on ne sait pas s’il existe une couleur blanc paon).

Bénéficie d’un CEO award (pour les nuls, une prime directement de la part du PDG mondial pour souligner son "outstanding accomplishement" sur une de ses études). Il précise que c’est à la fois très classe et exceptionnellement capitaliste

 

 

Boulot numéro 1

D’abord confinée comme tout le monde (et 2020 est bien l’année où tout le monde devra faire comme tout le monde), on s’attelle au télétravail en conférence full-digital en imaginant l’avantage (non négligeable) d’éviter que les chères têtes blondes, à haut potentiel selon les parents ou en décrochage selon les autorités compétentes ne s’écharpent à coup de pointe de compas. On essaie d’installer webex, zoom, whatsapp, skype pro avant d’admettre qu’il y a toujours un participant qui n’arrive pas à participer (assez souvent l’institutrice), même en installant les logiciels de classe virtuelle fournis par l’éducation nationale avec lesquelles aucun participant n’arrive à participer.

La découverte fortuite du « enregistrer sous » en mode Pdf ouvre de nouveaux horizons pour la communication des travaux du jour. Un petit coup de mail et le tour est joué même s’il y a toujours un destinataire qui n’arrive pas à être destiné.

En phase 2, l’enseignant est doté d’un laissez-passer à durée indéterminée signé par l’administration infiniment plus classieux que le laissez-passer quotidien que le tout-venant se signe à lui-même.

Théoriquement masqués, les élèves sont comptés et partitionnés selon leur mode d’utilisation de l’objet réglementaire (ou découpé dans les vieux rideaux du salon qu’on a bien fait de ne pas jeter quand on les a changés).

-       les plus sérieux, académiques : arrivent le matin avec un masque couvrant nez et bouche. A 12 h 30 le masque est changé. Le geste est sûr, impeccablement mené ;

-       les plus distraits : le masque est bien porté le matin. Au retour de la cantine, c’est déjà moins bien. La vie est tellement plus chouette sans …

-       les peu consciencieux : le masque couvre juste la bouche (« Attention, je vais sévir »). On remet le masque, on le descend, on le remet ;

-       les réfractaires : à 8 h 35   j’ai mal à l’oreille, à 8 h 50 j’ai mal aux oreilles, à 9 h10, j’ai éternué dans le masque, il faut que je l’enlève, à 9 h 30, je ne peux pas bien respirer ;

-       le démasqué : son masque est partout sauf sur le visage. Se promène dans la classe en le portant tel un sac à main, c’est interdit, le fait tomber, le remet 2 secondes sur sa tête, c’est tout aussi charmant que sur le nez.

Cette classification qui pourrait s’appliquer au monde adulte est remontée et fort appréciée par les parents pour le versant récréatif, mais bien peu savent y déceler la composante pédagogique pourtant peu subliminale.

 

 

Boulot numéro 2

On commence l’année par un séminaire généreusement offert en la presqu’île de Giens avec nuit sur place dans un village de vacances, animations et soirée dansante après la cantoche du soir. Dans la journée, l’objet de la petite sauterie est la construction du projet d’entité. On est au spectacle principalement animé par deux coachs sans doute démissionnaires (ou virés) du club Med qui gesticulent, perchés sur une scène (et perchés tout court) pour présenter les intervenants qu’il s’agit d’applaudir avant et après pour suffisamment se persuader que c’est grave chouette d’être là tous ensemble du plus petit au plus grand, du moussaillon au commandant.

On vit quelques grands moments de team building comme quand il faut se tourner vers son voisin qu’on n’avait jamais vu et lui expliquer pourquoi on l’aime.

En même temps que le confinement (oui on y reviendra), vient l’heure du télétravail. Il est obligatoire et doit faire au jour le jour l’objet d’une validation de la hiérarchie

On organise ses journées de semaine autour d’un trajet drastiquement simplifié qui consiste à passer de la chambre au bureau en traversant le palier qui donne (on dirait que c’était exprès) sur la salle de bains. On n‘a pas échappé au préalable à un détour pour le rez-de-chaussée pour découper une tranche de brioche qui jouit d’une excellente notation par Yuka.

Pour qu’ils soient tout prêts au moment de regagner le fort ergonomique fauteuil du bureau (qui bénéficie certainement d’une certification Afnor), on sort les vêtements du jour et les pose sur le lit. Cette vie déjà trépidante bénéficie fréquemment d’un surplus d’animation quand les chats se prennent d’envie de se répartir équitablement entre les vêtements sur le lit et le fauteuil. Comme il n’est pas question de travailler tous les jours tout nu assis sur une chaise pliable, on doit souvent se faire violence pour déposer les pauvres chachats sur un fauteuil moins afnorisé mais plus Louis XV et entamer sa journée sous le signe du remords.

 

 

Vaste monde cruel

Ca vient de Chine, donc, c’est sournois, ça n’a pas de nom, c’est comme la grippe, non, comme la grippe aviaire, plutôt comme le sras, d’ailleurs, c’est un sras. Ou pas.

Ca fait d’abord rire, et ça permet ou permettra d’apprendre quantité de mots nouveaux : hydroalcoolique, cas contact, hydroxychloroquine, agueusie, crise sanitaire, patient zéro, pandémie, cluster, distanciel, ffp2, présentiel.

 

Un beau matin on apprend d’abord que c’est le covid 19, nom bizarre qu’on s’attend à oublier bien vite, mais qui rentre de force dans la tête puis les mœurs de chacun. Finalement, l’académie française explique en toute logique qu’il s’agit d’une forme de « disease » qui comme chacun sait est féminin en anglais et laisse tomber son verdict : on parlera dorénavant de la covid 19. Mais pas ici.

 

Les médias et les faits nous offrent aussi quelques nouvelles têtes de turc : Sibeth Ndiaye qui n’avait pas besoin de ça est envoyée au casse-pipe pour dire n’importe quoi puis son contraire, quand on ne savait déjà pas grand-chose sur la pandémie qui n’était peut-être qu’une épidémie et encore ça reste à prouver. Didier Raoult qui avait peut-être besoin de ça pour faire parler de lui dit les pires bêtises sur l’hydroxychloroquine et est condamné sans réserve par l’ordre des médecins qui se ravise en disant que non mais peut-être oui et puis finalement non et sûrement pas oui sauf si on arrive à prouver que ce n’est pas pire avec que sans. Hors catégorie, Trump propose l’injection de désinfectant dans les poumons et le traitement aux UV, sans doute en pensant qu’ayant pris beaucoup d’avance sur cette 2ème méthode, il est déjà inatteignable. La suite lui prouvera que non.

Actif jusqu’au bout, Il finira l’année en refusant d’admettre la victoire du covid 19 et en proposant de se débarrasser de Biden à l’eau de javel, ou le contraire.

Michel Cymes, qu’on peut réentendre parler de même pas grippette (sur un moteur de recherche à condition d’avoir résisté à la tentation de cliquer sur le 1er lien proposé qui renvoie sur ses 12 livres en vente sur amazon) s’en tire sans plus de quolibets grâce à un mea culpa en bonne et due forme et certainement pas à son statut de star people toutes catégories confondues.

 

On discute encore sur le lieu de travail avec ceux qui paniquent « il me semble que j’ai touché une poignée de porte d’un bureau où on m’a dit qu’était entrée la fille qui toussait un peu gras (ou un peu sec), et d’abord qu’est-ce qu’elle fichait là, c’est pas son bureau » « Ah oui, t’as raison, zut, et sinon, ton projet ça avance ? ».

 

Petit à petit on apprend qu’après la Chine (mais ça c’est normal, ils sont pas comme nous les Chinois) des pays comme l’Italie commencent à confiner. Les autres confinent, ah ben oui les Italiens, eh ! eh !, j’ai rien contre, mais vous voyez ce que je veux dire…

Le 14 mars, en sortant du cinéma à 18heures, on voit les portes se fermer dernière nous « fermés jusqu’à nouvelle ordre » (si on avait su on serait allés voir autre chose).

On arrive au restaurant où le patron annonce que c’est aussi son dernier jour d’ouverture « On va avoir trois semaines difficiles, prédit-il sentencieux ». Il est bien pessimiste, lui, pense-t-on. C’est quand même chez ce restaurateur visionnaire qu’on fêtera une réouverture des restaurants, sur une terrasse, un midi de juin.

 

Le 16 mars, jour traditionnellement consacré à un restaurant qui n’est pas nécessairement la Tour d’Argent (d’ailleurs le canard n’est plus ce qu’il était) mais qui n’est jamais le Cosmos au rond-point Youri Gagarine de Malakoff, « Nous sommes en guerre » claironne le général Macron, et confinés sous sommes sans que le mot ne soit prononcé.

 

Pendant ce temps, les médias s’en donnent à cœur-joie car les scoops ne manquent pas : le premier malade de chaque pays, le premier mort, le premier chanteur atteint, la première infirmière guérie. Selon le message du jour qu’on a envie de faire passer, les reportages montrent la gamine qui meurt, ou le petit vieux qui ressuscite, afin de plomber le moral et culpabiliser quiconque a bu un coup avec des copains quand c’était encore permis, ou à l’inverse d’affirmer que la France (éternelle) s’en sortira toujours.

Super fake news sur la 2 : la journaliste prend l’air compatissant qui sied à se faire filmer devant le théâtre « la comédie italienne » rue de la gaité, fermé à cause du virus... dont on sait de source assez sûre (nous) qu'il est fermé depuis deux ans.

Sur internet, commencent à pulluler les méthodes pour fabriquer des masques tandis qu’on nous explique « en même temps » que ça ne sert à rien.

 

Comme la pandémie va bon train, les assurances, jamais en retard d’une arnaque jouent sur les mots pour ne pas rembourser les assurés contre une épidémie dont le chiffre d’affaire s’écroule. Sans besoin de recourir à l’académie, on lit que « Une pandémie (du grec ancien πᾶν / pãn « tous », et δῆμος / dmos « peuple ») est une épidémie présente sur une large zone géographique internationale. Donc une pandémie est une épidémie. Mais que font les avocats ? Ah ben oui, ils sont payés par les assureurs.

 

C’est le triomphe de Rosine Bachelot dont la réponse à l’épidémie de grippe H1N1 avait été qualifiée de « surdimensionnée » par l’opinion publique, et comme récompense de sa vista dans le domaine de la santé, elle se voit nommée à la tête du Ministère de la culture (sans doute sa participation aux grosses têtes y est-elle aussi pour quelque chose – par manque de place nous ne retranscrirons pas les histoires qu’elle y racontait – et c’est dommage).

Confinés, donc on commence à prendre l’habitude de se procurer ses repas chez maître Denis charcutier et traiteur conseil à Malakoff.

On s’approvisionne aussi, surtout à l’heure du déjeuner, chez S & H, mystérieuses initiales d’un boulanger maghrébin dont on apprécie particulièrement le plat du jour du vendredi : le bo-bun, servi avec quart de baguette, ce qui fait toujours un peu de pain pour le week-end.

 

Comme on a en réalité dépassé depuis longtemps le stade du surgelé (il ne faut pas prendre au pied de la lettre tout ce qui est écrit), on se nourrit aussi des deux spécialités de la famille : yaourts maison au lait frais (monté à 85° pendant 15 minutes et ensemencé à 55) et de bœuf bourguignon (c’est plus long, il faut faire mijoter 24 heures et ça fond dans la bouche).

 

Après la première phase, mais avant la deuxième (disons « à un certain moment » car personne n’a bien défini de quelles phases il s’agissait), on retourne au restaurant où sur toute table normalement dressée trône maintenant avec sel, poivre et moutarde la fière bouteille de gel hydroalcoolique et le petit crayon qui permet de remplir le petit papier sur lequel on doit laisser ses coordonnées en toute discrétion.

Ce dernier est plus que souvent remplacé par un méchant cahier à spirales à peine entamé, dont on a arraché quelques pages après l’avoir volé dans le cartable du petit dernier puisque de toute façon il ne retournera pas à l’école. Le client de base peut ainsi récupérer en toute discrétion le 06 de la jolie voisine ou du séduisant voisin.

Comme on s’enquiert (plus par jeu que par réelle curiosité) du process qui sera déclenché si d’aventure on est soi‑même (ou la jolie voisine ou le séduisant voisin) dépisté malade ou cas contact, le serveur commence à bafouiller quelques phrases qui prouvent qu’il n’en sait rien avant d’éclater « oh et puis je m’en fous ça m’énerve ce truc ».

 

On devient adepte du skype travail et du skype apéro.

On ne peut plus discuter sur le lieu de travail avec ceux qui doutent mais on entend au téléphone « pour limiter encore les libertés, s’ils veulent encore créer des virus de toute façon, ils le feront ». « Ah oui, t’as raison, zut, et sinon, ton projet ça avance ? ».

Le covid 19 donne l’occasion de publier une gazette hebdomadaire et illustrée qu’on alimente d’abord à grands coups de photos historiques à l’attention d’une tante isolée-confinée. On y retrouve pas mal de perles comme un jeune homme de 15 ans cravaté et arborant son premier costume à rayures devant un papier peint qui fait mal aux yeux, réhaussé par une collection de porte-clés déjà démodée à l’époque. La tante est à côté. Quand on est à court d’inspiration ou de documents, une photo de chat ronronnant sur un fauteuil ergonomique permet de sauver la mise comme sur n’importe quel réseau social.

 

Grâce au covid 19 aussi, Mauricette aura eu son quart d’heure de célébrité Warholien.

 

Le monde tourne quand même et le bientôt ex étazunien arrive à prouver qu’il est plus taré qu’on ne le pensait en provoquant la mort de 4 personnes à qui il reproche leur violence.

En France, comme Macron rend hommage à Mitterrand on se dit que cette initiative plaira à ceux qui apprécient les deux présidents ; mais qui peut être assez schizophrène pour cela ?

Juste pour rire, rappelons que Carlos Ghosn assigne Renault devant le conseil de prud’hommes

Le 21 juin 2020, jour de la fête de la musique, Patrick Balkany condamné par la justice pour fraude fiscale, et libéré en février pour raisons de santé est filmé en train de danser dans les rues de Levallois-Perret. Et alors, si ça lui remonte le moral à cet homme ?

 

On citera quelques noms, pas tout à fait en vrac.

Kobe Bryant, Pierre Cardin et Kenzo, Valery Giscard d’Estaing et Patrick Devedjian, Annie Cordy, Rika Zaraï et Anne Sylvestre, Juliette Greco et Michel Piccoli, Claude Brasseur, Robert Hossein, Guy Bedos et Jean-Loup Dabadie, Quino, Albert Uderzo et l’amère qu’on voit danser le long du golf : Claire (pour les nuls se procurer l’indispensable Clopinettes de Mandryka et Gotilb), Ennio Morricone, Sean Connery et Kirk Douglas, Little Richard, Manu Dibango, Graeme Allwright, Justin Townes Earle (pour les nuls, le fils de Steve) et Christophe, Alain Rey, Samuel Paty et George Floyd.

Outre le traditionnel « Ah bon, il (elle) était pas encore mort(e) ? » réservé à ceux qui ont quitté les projecteurs depuis quelque temps, à chaque annonce, le quizz de l’année consiste à demander s’ils ont été victimes du covid 19. A part pour les deux derniers dont on sait qu’il sera difficile de trouver un vaccin à la cause de leur décès.

 

 

Voyages et sédentarité

Privés d’Irlande (ça aurait fait deux ans) et d’Ecosse (ça aurait fait 35 ans) on parcourt la France de Chamonix au Mont Saint-Michel.

On vogue sur le lac d’Annecy et le Léman, on fait escale à Amphion qui n’est pas un gros mot mais qui fait tellement rire les copains qu’il eût été dommage de ne pas y aller. On y déguste de l’omble chevalier ou de la morue panée les jours moins fastes.

Au Mont-Saint-Michel on fait connaissance des navettes qui roulent dans les deux sens avec un volant à chaque bout et surtout des rues désertes à 7 heures du matin. On y retrouve aussi la référence au jumelage avec l’île de Miyajima découverte l’été précédent et son énorme Torii aquatique : ce rapprochement de deux lieux de culte qui baignent dans l’eau et les touristes n’a rien d’illogique.

A Montreux, (une escapade carrément hors de l’UE) on manque d’acheter un coucou suisse mais on revient avec un t‑shirt qui retranscrit fidèlement les premières mesures d’un morceau intimement lié à l’endroit « ta ta taaa ta ta tadaaa ta ta taaa ta taaaa » (même les plus nuls auront reconnu « Smoke on the water »).

 

Depuis Saint-Malo, après une visite à l’île du Guesclin où Léo Ferré a vécu avec Pépée et quelques autres membres de sa famille qui lui tenaient moins à cœur, on va manger des huîtres à Cancale dans un bar qui s’ouvre sur la mer, et à Honfleur dans un bar posé sur la mer. Bien que le bateau qui mouille dans le port soit d’une stabilité totale, ces huîtres passent moins bien que les précédentes et nous contraignent à quitter précipitamment le prometteur restaurant du soir dans lequel on venait de s’installer. On le fait la mort dans l’âme, car en ces temps difficiles (chers à Léo), un restaurant perdu ne se rattrape pas.

 

A Paris/Malakoff, privés de cinéma-théâtre-restaurant-musée, on se promène. On passe devant le café de Flore fermé où les places Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir sont occupées par de gros nounours en peluche. On visite une église où on s’attarde pour écouter des novices chanter.

On découvre ou redécouvre le Bazar de l’hôtel de Ville qui ressemble autant un à un bazar que le « Bon marché » l’était (bon marché) c'est-à-dire très peu et d’ailleurs de bazar il n’est plus question : le lieu s’appelle BHV / Marais et draine une clientèle locale, plus composée de couples gais de Csp++ en manteau de fourrure et casquette de base-ball Prada que de Malakoffiots fussent-ils du prestigieux sentier de la sablonnière.

En manque de tout en général et d’achat compulsif en particulier, on s’aventure au stand de Mariage Frères pour acheter un thé vert ; comme le vendeur demande à choisir entre le Genmaïcha Matcha (au riz soufflé), et le Sencha Matcha Emeraude, afin de ne pas avouer qu’on n’en sait fichtrement rien, on exige quelques précisions auquel on a bien droit vu le prix du gramme de thé qu’il serait indécent de nommer ici. Sans vraiment comprendre la réponse, de peur que le premier n’ait un goût de pop-corn, on opte pour le second.

 

 

Musique et autres distractions

On voulait voir Souchon, on n’a pas vu Souchon ; on voulait voir Millepied, on n’a pas vu Millepied.

Les grands concerts de l’année resteront au théâtre de Malakoff la guinguette à pépée le 6 mars (sympa mais pas inoubliable) et Anne Pacéo le 13 octobre (intéressant mais pas mémorable).

Dylan sort d’abord murder most foul, longue ballade qui précède de peu son nouveau disque dont les médias se plaisent à dire que c’est le meilleur depuis blood on the tracks (ce qui n’est pas une performance puisque dans les médias tous les disques de Dylan sont le meilleur depuis blood on the tracks).

Il vend son catalogue à Universal pour la somme d’à peine ½ Tapie (pour les nuls le Tapie est une unité monétaire sensiblement égale à 450 millions d’euros, mise au point dans le but d’enrichir discrètement quelque ou quelques margoulin(s) aux dépens du contribuable– et qu’il convient malgré quelques similitudes de ne pas confondre avec le bitcoin). On espère qu’il conservera le droit de le jouer s’il peut rejouer quelque chose ailleurs que dans une cave de Woodstock (pour les nuls, cherchez un peu…).

McCartney sort III qi est son 3ème disque enregistré tout seul avec ses petits doigts et sa belle voix ; les médias se plaisent à dire que c’est le meilleur depuis Chaos and Creation in The Backyard (ce qui n’est pas une performance puisque dans les médias tous les disques de McCartney sont le meilleur depuis Chaos and Creation in The Backyard).

 

 

Travaux et réparations

Las du silence de l’assurance qui conseillait d’attendre avant de faire réparer une fuite de toit, on donne le feu vert à l’entreprise. C’est juste un mois après que la partie adverse qui n’a rien compris pendant 18 mois au cours desquels il a fallu produire une demi-douzaine de documents jugés plus incomplets les uns que les autres avant de se résigner à scanner la trentaine de feuillets du contrat et les preuves de facturation associées, transformées en Pdf (qui ne sert pas que dans l’éducation nationale), l’expert adverse vient expertiser, parfaitement au courant que la menuiserie (pour les nuls, une fenêtre même en fer est un ouvrage de menuiserie) n’a pas été construite par son client et relance le débat « mais est-on sûr que la cause de la fuite ne vient pas de la fenêtre ? » et conclut le set par un retour gagnant « Et vous pensez que l’architecte a bien fait son travail ?». On hésite à répondre à cette dernière question, qui est pourtant la plus facile.

La parte de ping-pong n’est pas terminée, elle va peut-être se jouer en double ou en triple


 

Comme on ne répare pas que les fuites d’eau, mentionnons une hypertrophie « non cible » d’un organe exclusivement masculin mais complètement interne, donc pas de ceux qu’un ex candidat à la mairie de Paris aime à se tirlipoter devant l’iPhone quitte à se plaindre (non sans raison) que cela ne concernait que lui.

 

 

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When I’m sixty four, agréable ritournelle de McCartney qu'on écoutait en se disant qu'il allait les avoir, ce vieux, mais sans réfléchir que nous aussi, quinze ans après lui. Et, bien qu’on ait imaginé d’aller les passer à l’Ile de Wight, ça se sera passé Malakoff, en plusieurs étapes. On notera aussi que c’est probablement la dernière puissance de 2 qu’il nous soit donné d’associer à notre âge.

 

 

Errare humanum est

Grôle n’est pas grolle.

 

 

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On se rend à près de Rennes, mais pas à Saint-Malo, ni à Cancale où il aurait (encore) fallu manger des huîtres et de toute façon on ne peut plus. On se souhaite une bonne année mais on ne se fait pas la bise.

On se promène dans la forêt enchantée de Paimpont, on s’arrête devant la tombe de Merlin en jetant des regards noirs aux jeunes voyous sans masque et devant la fontaine de jouvence en essayant juste de ne pas tomber dedans car si on doute de ses vertus rajeunissantes on est certain de sa grande froidure.

A Paris, le métro « bonne nouvelle » s’amuse à changer de nom et à s’appeler « « Bonne nouvelle, l'année 2020 est finie ! ».

 

 

 

1

2021 sera pire s’amusent à taguer quelques pessimistes.

 

 

Projets et voyages

Pff… Souchon et Millepied ? Se retirer du monde du travail.

 

 

Vaste monde cruel

C’est encore de l’Albion que vient le sournois variant (sans doute plus sournois que le simple mutant). Il est anglais mais aussi sud-africain puis brésilien.

Comme les rattachements géographiques sont déclarés stigmatisants, on parlera plus volontiers et plus simplement de V501 ou de V614 qui désignent le numéro d’ordre de l’acide aminé modifié dans la chaîne. Si on n’est pas sûr, ou si on n’a pas eu le temps de compter avant d’être étendu sur un lit en réanimation, on peut dire « VOC » pour « Variant Of Concern » ou « VUI » pour « variant under investigation » mais il vaut mieux préciser la référence (exemple « VUI – 202012/01 »).

On apprend que Mariane Faithfull se remet d’une infection au covid 19. Quand on a vécu avec Jagger et Richards, on en a vu d’autres.

Biden finalement vraiment président fait interpréter The Star-Spangled Banner par Lady Gaga et une version soporifique de this land is your land de Woody Guthrie par Jennifer Lopez. Est-ce pour jouer les décalés ou parce qu’il n’a pas eu le temps de lire le programme ?

 

 

 

Parent numéro 1 : Hélène. Bisous et bonne santé.

 

 

 

 

Parent numéro 2 : Didier. Bisous et bonne année.