Chatte
numéro 1
Les
suites de son opération-réussie-mais-au-réveil-qui-pose-des-problèmes (comme ne
l’ont probablement jamais dit les occupants d’apollo
13 à Houston) semblent l’avoir laissée non seulement aveugle mais aussi muette.
Elle perd donc l’habitude de miauler mais pas celle de solliciter les humains
de la famille à la moindre contrariété. Son unique moyen d’expression est une
espèce de gratouillis ou tapotement répétitif et lancinant qui ne permet pas
toujours de comprendre son besoin. Elle souhaite généralement de l’aide pour
établir un poste d’observation en haut d’un meuble sur lequel elle ne sait plus
monter seule, tant les suites de son
opération-réussie-mais-au-réveil-qui-pose-des-problèmes semblent avoir
également laissé quelques séquelles au niveau de sa motricité.
On
se tord alors le bras pour la hisser en un geste élégant sur le supposé sommet
de sa convoitise d’où il peut s’avérer qu’elle redescende aussitôt pour
manifester clairement que sa demande a été mal interprétée.
Comme
la scène a se passe souvent de nuit, on l’entend faire quelques pas, le tour du
lit et gratouiller ou tapoter de l’autre côté pour vérifier si l’autre individu
susceptible de l’assister est moins hermétique à son expression corporelle.
Chats
numéros 8 et 9
Les
difficultés à les reconnaître persistent d’autant qu’il faut bien avouer que,
contrairement à ceux des chattes (Vanille et Châtaigne), les patronymes choisis
(Castor et Pollux) sont peu susceptibles d’évoquer une différence d’apparence
physique, ce qui serait de toute façon peu utile tant qu’on n’en voit aucune.
On
prend donc l’habitude de les interpeler sur le mode « tékitoi »,
« salut le chat rouge » ou « bonjour le vert », dès lors
qu’on arrive à voir la couleur du ruban accroché à leur collier, ce qui ne
semble nullement les vexer.
On
retrouve un instant les effectifs félins du mois de janvier 2015, bilan assez
peu flatteur après deux adoptions : en effet, pendant quelques jours, la
disparition du chat vert (numéro 8) résout temporairement le problème de
reconnaissance mais désespère la maisonnée.
Chat
numéro 9 (le rouge) ne perd pas une occasion de se frotter à celle qui pourrait
largement être sa quinquisaïeule pour manifester
l’admiration béate qu’il lui porte.
Enfant
numéro 1
Le
plan Corse (partir, revenir) se heurte à la non admissibilité au concours de
l’IRA, à mettre, à n’en pas douter, sur le compte d’une mafia qui fait
obstruction à tout ce qui tente de venir du continent et ne s’appelle pas Christian
Clavier ou Jacques Dutronc.
Pour
passer le temps, elle ne chante pas mais propose ses services au secours
populaire où ses diplômes de droit l’aident à aider quelques personnes en
difficulté à affronter les suppôts du patronat
à la solde du grand capital international.
Ses
passages au MAE (pour les nuls, MAE n’est pas qu’une mutuelle pour élèves,
c’est aussi le Ministère des Affaires Etrangères avec plein de majuscules) lui
a ouvert quelques portes, dont celle du MD (pour les nuls MD n’est pas qu’une
marque de meuble vintage dont n’importe quel antiquaire daignera en se pinçant
le nez vous débarrasser pour vous rendre service pour une somme modique, c’est
aussi la Ministère de la Défense). Après plusieurs rendez-vous manqués,
s’entretient avec un colonel qui apparemment persuadé que le prestige de l’uniforme
fait partie de l’éternel masculin se montre désolé de la recevoir en civil.
Finalement,
se retrouve affectée au bureau 3C/655, à la DRH du MD comme chargée d’études
ASCI au bureau de la réglementation des ouvriers d’état. (Pour les nuls, ne
vous inquiétez pas, nous ne savons pas non plus ce qu’est un ouvrier d’état).
La
précieuse plaque nécessaire à l’identification de l’employée civile et de sa
fonction est gravée et exposée en un temps record à la porte du bureau 3C/655,
contrairement à l’outil de travail (ordinateur connecté au réseau) qui n’est
fourni qu’après les trois bons mois nécessaires à la vérification des
conditions de moralité et de non communisme des relations, ascendants et
animaux domestiques de son entourage.
Elle
reçoit un mail de félicitations pour la qualité et la rapidité du premier
document qu’elle livre à son employeur et s’interdit de répondre qu’elle aurait
pu aller encore plus vite si elle avait été équipée plus tôt.
Son
compagnon emprunte les mêmes routes de MAE en MD (pour les nuls : on va
pas répéter toujours les mêmes trucs), semble rencontrer le même succès avec le
colonel mais rate le créneau où le budget est débloqué : c’est malheureux,
quand tout l’argent part pour la culture et le social, il n’y a plus de sous
pour l’armée.
Enfant
numéro 2
Marche
sur les traces de son père en choisissant de passer son permis de conduire en
la regrettée région Rhône-Alpes (pour les nuls, la région Rhône-Alpes,
aujourd'hui disparue correspondait peu ou prou à la région Auvergne-Rhône-Alpes
diminuée de l’Auvergne). Au nombre de ses motivations, on compte la proximité
de l’être cher qui termine ses études entre Saône et Rhône et des raisons
pécuniaires basées sur le prix initial du forfait permis, 20 leçons incluses.
On ne s’étendra pas sur le fait que le couple regagne Malakoff (elle pour un
internat de pharmacie qu’elle inaugure à grand coup de gardes de nuit) avant la
fin du projet et que quelques dépenses non provisionnées viennent à augmenter
un poste de déplacements d’autant plus négligé qu’il
y a, comme pour son père en son temps, matière à récidive.
Enfants…
De ce retour parisien
et de ce non départ en Corse naissent en avril l’idée d’une installation rue
des Dames dans l’appartement familial occupé par un couple rénovateur issu d’une
amitié héréditaire.
La
définition même d’une amitié héréditaire est de se transmettre de génération en
génération. L’histoire n’annonce pas (l’histoire n’annonce jamais rien de
fiable) combien de générations prendront plaisir à se prêter au jeu ; en l’occurrence,
on doit bien admettre que des intérêts divergents nous empêcheront d’en
traverser plus de deux. Alors qu’on craint de devoir en arriver à des moyens
légaux et que les juristes potassent les jurisprudences, tout se termine, pas vraiment
comme espéré, mais dans les délais, pour novembre. A
défaut, d’autre chose, on aura sauvé les meubles (private
joke).
Le quatuor s’installe donc avec un canapé en palettes qui aura coûté
fromages et galettes alsaciennes (le prix de la corruption de quelques fonctionnaires
malakoffiots), mais sans un bric-à-brac roubaisien et
peu coquet de fauteuils de plage et de porte-serviette électriques dont on va
vérifier s’il fonctionne, (si, si je t’assure) pourtant ramenés du Nord et
d’abord promis à un vide-grenier qui n’aura jamais lieu.
On n’aura pas l’occasion de leur offrir le décapsuleur mural, déjà
reçu comme un des premiers cadeaux d’une première pendaison de crémaillère à
laquelle on n’assiste pas mais dont on saura que, comme lors du réveillon
précédent, « les voisins ont été sympas ».
On
décide d’équiper l’appartement en rideaux et de s’adresser à un spécialiste de
la spécialité. Chaque couple discute longuement des particularités se sa
chambre et de ses goûts avec une spécialiste spécialement déléguée. Les moindres
détails sont réglés avec précision. Il est conseillé de mesurer la hauteur de
plafond au pied à coulisse et de répondre à la question « Vous voulez le
rideau qui traîne par terre ou vous avez d’autres moyens pour ramasser la
poussière ? ». Les difficultés commencent quand on essaie de faire
comprendre aux reines de la vente que les deux commandes ne sont qu’une pour le
même appartement et que ce n’est pas parce qu'elles éprouvent quelque
difficulté à saisir la différence entre « même appartement »,
« même commande » et « même palier » qu’on va accepter de
payer deux fois le plein d’essence de leur camion de livraison.
Boulot numéro 1
A
l’éducation nationale, tout va bien. Les parents d’élèves offrent les petits
déjeuners à la rentrée et gardent le sourire tant que la conversation ne suggère
pas que le chérubin devrait éviter de fracasser la tête de son condisciple sur
le coin de la bibliothèque, au moins pendant les heures de cours. C’est parce
que pendant les récrés, il préfère jouer au foot et faire des croche-pieds,
vous reprendrez bien un peu de café ? Avec plaisir, mais déca, sinon il y
a un truc qui va m’énerver.
Boulot
numéro 2
Employeur digital et humain. L’informatisation et
toutes les optimisations de processus poursuivent un seul et même but : la
diminution des etp. (Pour les nuls, un etp est un équivalent temps plein). Des etp
qu’on gagne c’est ecolo, c’est propre, et ça n’a rien
à voir avec le fait de virer des gens comme le ferait un suppôt du patronat à
la solde du grand capital international. A la grande rigueur, ce pourrait être
des chômeurs qu’on n’embauche pas.
Plus
personnellement, on tape l’adresse de la rue des Dames pour vérifier l’éligibilité
de l’appartement à la fibre optique. Alors que le site de l’employeur digital
se lamente que l’adresse est inconnue, et qu’il s’agirait de préciser la
demande, Google outre une vue du balcon en 3d présente la photo du café-tabac
du rez-de-chaussée et on sent qu’un coup de roulette de souris permettrait de
zoomer sur le prix du paquet de gitanes le jour de la prise de vue si l’on
savait quelle maladie peu ragoutante était alors affichée en lieu et place de
la danseuse préférée de Gainsbourg.
Voyages
A pâques à Prague, le « mur de Lennon » est devenu un infâme
barbouillage devant lequel posent des japonaises envahissantes en robe rose
évaporée et d’où émergent ça et là quelques formes
circulaires rappelant vaguement les bésicles que chaussait le génial mari d’une
tout aussi pénible japonaise. Les jeunes locaux sont coiffés à la Justin
Bieber. L’époque a les héros qu’elle peut. La révolte est soluble dans la
démocratie.
On déguste quelques trdelnik qu’on préfère
commander en les pointant du doigt, comme à peu près la totalité de ce qu’on
achète sur place (y compris les tripes épicées, et le « porc sous
vide » qui bien que figurant en français sur le menu tchèque ne doit pas
se prononcer tout à fait comme à Malakoff).
Retenons l’exception notable de l’absinthe qu’on choisit sur les
conseils de la barmaid sans avoir eu l’occasion de remarquer l’horrible
bestiole qui macère dans la bouteille et lui donne certainement cette finale en
bouche qu’on avait du mal à identifier.
En manque de New-York où on s’était bien juré
d’aller, c’est un peu poussés par l’urgence de l’ouverture étazunienne
que nous sommes pris d’une envie soudaine de voir Cuba sans McDonald et de
rendre visite à Fidel avant qu’il ne troque ses trois bandes pour un swoosh.
Le projet prend forme grâce à une efficace
voyagiste qui propose un agenda fort détaillé avec retour à Paris la veille de
la rentrée scolaire. Comme on refuse par crainte qu’une jetlaguitude
vienne à obérer la qualité du premier contact avec les têtes blondes, se forme
in extrémis l’idée de remplacer Cuba par la Sicile et la conseillère fait
preuve de la même diligence pour boucler un tour de l’île italienne en tout
point équivalent, durée et budget compris. En guise de remerciement, on décide
de lui piquer sa proposition de circuit et d’effectuer le voyage par nos
propres moyens.
Le
loueur a promis une mignonne Fiat 500 locale. Après la déception due à son
remplacement par une peugeot 108 (c’est beaucoup plus
solide, vante le préposé), on a trois
semaines pour survivre aux méthodes de conduites insulaires qui découlent
toutes de l’axiome de base « Quand ça passe, ça passe ». On constate
qu’il est strictement dé-corrélé de toute règle externe qui risquerait d’en
altérer la pureté (code de la route en particulier), de tout rapport à une
signalétique parfois utilisée ailleurs (panneaux routiers, ligne continue,
etc.), comme de toute référence au moyen de locomotion des protagonistes
(camion, automobile scooter ou pieds). On en déduit de façon triviale une série
de théorèmes : « Si ça passe, je passe ; si ça passe maintenant,
je vois pas pourquoi j’attendrais ; si ça passe avec clignotant, ça passe
sans ; si ça passe à deux à l’heure, ça passe aussi à 50 ; si tu peux
passer et que tu passes pas, je passe ; si je passe, t’attends ; si
tu passes porte fermée, je peux l’ouvrir quand tu passes ; si ça passe à
deux, ça passe à trois » qui permet de s’adapter à la plupart des
situations en serrant les dents.
Le mariage de la fille du parrain de Palerme a lieu
en la cathédrale de Monreale. La mariée arrive en Porsche. En repérant un petit
gamin à la frimousse sympathique, on se prend à imaginer qu’il est l’héritier
de cet empire mais qu’il a intérêt à investir dans une garde rapprochée s’il
veut être un jour en âge d’en profiter.
Coppola
se serait inspiré de la musique sicilienne pour faire écrire la musique de son
parrain à lui. On peut dire que la musique sicilienne le lui a bien rendu, tant
tout orchestre local armé s’un accordéon se sent obligé d’entamer la
ritournelle de Nino Rota à l’approche du touriste.
Au hasard d’un magasin
de disques, on tombe sur un « Amore e furto » sous-titré, « Di Gregori
canta Dylan ». Les renseignements pris auprès de
personnes de confiance sur le premier, concomitamment à une certaine
connaissance qu’on a de l’œuvre du second, laissent supposer qu’on peut miser
quelques euros sur le produit. On savoure l’achat, ne serait-ce que pour le
plaisir d’entendre le « look out kid » de « Subterranean
Homesick Blues » devenir un « ragazino coza fai »
dans « Acido Seminterrato ».
Vaste monde cruel
On s’épuise en vain à quelques manifestations, stupéfait d’entendre le 6
juin le bientôt ex-président affirmer que « Personne ne comprendrait que des grèves perturbent la
compétition ». C’est donc grâce à un tournoi de football qui va débuter
sous peu qu’on comprend qu’on est gouverné par des gens qui l’estiment plus
important que le code du travail.
Plus tard, la loi passée en force permettra à un ministre encore en place
d’aller faire de l’œil à Tesla en affirmant sa fierté qu’en France les lois
sociales sont heureusement plus souples qu’en Allemagne.
On se rappelle qu’au mois d’août 2012, l’excellent Willem faisant un
premier bilan de la jeune présidence avait résumé la situation par ce
dialogue : « Mais au bout de cent jours, qu’est-ce que vous appréciez
chez François Hollande ? - Il n’est pas Sarkozy ».
On peut déjà être assuré d’une chose : le président à venir en 2017
partagera avec l’élu de 2012 cette qualité essentielle.
C’est donc dès le 20 novembre qu’on pousse un grand soupir de soulagement
augmenté du petit plaisir qu’on éprouve à avoir contribué à ce résultat en déposant
dans les urnes de les primaires de les républicains un bulletin stratégique en
guise d’expression de notre désir de n’importe quoi sauf lui. On croit d’abord
goûter à un repos bien mérité et rester au chaud le dimanche suivant en se
félicitant du « good job » accompli quand certains signes alarmants
nous laissent entendre que tous les n’importe quoi ne se valent peut-être pas.
On ressort donc loden et jupe plissé pour réaffirmer une préférence pour le
n’importe quoi avec moins de messe et plus de sécu. Ce deuxième déplacement
s’avère moins efficace, et c’est un peu déçu qu’on subit le soir le spectacle
du crucifix triomphant exhibé par Valerie
Boyer, porte-parole et porte-croix du vainqueur. Good job quand même.
En 1992, Cohen écrivait
“democracy is coming to the Usa”. Sans
qu’on n’eût jamais réellement compris à quoi il faisait allusion à l’époque,
c’est bien en 2016 qu’il écrit « it’s getting darker », et peut-être
victime d’un scoop dont il aurait l’exclusivité, meurt avant l’annonce de
l’élection de Trump comme prochain président des États-Unis.
On perd George Martin, dit le 5ème beatle. La postérité aura sans doute du mal à attribuer le
titre de « premier beatle », mais il n’est
que deux individus qui peuvent sérieusement y prétendre. Celui de 5ème
beatle reste beaucoup plus disputé par une liste de
personnes qui reste difficile à établir.
Disparition
de Rick Paritt, les chœurs de l’armée rouge, de
Prince, d’une fausse princesse et de sa mère, de Pierre Barouh
dont les chabada ne nous feront pas oublier la fière
devise « il y a des années ou on a envie de ne rien faire ».
Siné
dont on venait de lire les aventures cubaines, Fidel Castro qui termine les
siennes, Vuarnet dont on a longtemps pris à tort le
vrai patronyme pour le pseudo cocasse d’un fabriquant de lunettes, Michèle
Morgan, née à moins d’une dizaine de 29 février de nous.
Robert
Vaughn qui a marqué le rôle de Napoléon Solo dans
« the men from UNCLE ». L’histoire et la
presse préfèrent se souvenir de lui comme du dernier des sept mercenaires, ce
pistolero déjà vieillissant, lâche et alcoolique qui capturant difficilement
une mouche parmi les 6 posées sur la table se lamente d’un « et dire
qu’autrefois, je les aurais toutes eues » qui traduit toute la détresse du
has been. (Un anti-héros rêvé pour Gotlib).
Gotlib !
On va travailler une coccinelle au revers dans la même indifférence générale
que celle rencontrée quand on avait exhibé un sapeur Camember
le 29 février.
Dylan constatait
aussi. “It’s not dark yet, but it’s getting there”. Ou, comme dirait Di Gregori,
« Non e Buio Ancora ».
Musique et autres
distractions
On cède à la folie de la
vente de vinyles à la maison de la radio en se procurant quatre doubles albums
de Pierre Schaeffer, pionnier de la musique concrète et de la RTF aux titres
alléchants « le texte et le micro », « l’écran sonore »,
...
Travaux et
aménagements
Au bout de trois ans de luttes mensuelles (fréquence normale à
laquelle un assureur daigne se pencher sur un dossier en cours) un
remboursement arrive, couvrant mises à la norme de Velux (soit une pente de 27%) et conséquences,
plus replacement de tuiles de zinc (sans conséquence).
Une
nuit d’insomnie, on se demande si le nombre de 27 % reconnu unanimement par la
profession correspond à un calcul, une recommandation de Léonard de Vinci, de
Jean Nouvel ou des établissements Maurin,
plombier-zingueur à Malakoff.
Est-ce
l’arc-tangente d’un rapport dérivé du nombre d’or, l’angle que font le soleil,
la terre et la lune au solstice ou quand le premier éclaire le cercueil de Toutânkhamon au cœur de la grande pyramide, ou quand Castor
et Pollux (les constellations) sont alignées avec Orion, ou Vanille ? On
se rendort juste en se disant « p… pourvu que ça arrête de fuir ».
L’alfa
qu’on prend encore un certain plaisir à conduire de temps à autre après en
avoir vérifié et souvent rechargé la batterie nous lâche au milieu d’un
carrefour. On est secouru par un généreux mécanicien surgi de chez speedy en chevauchant fièrement un chargeur de batterie (tel
un autre héros gotlibien).
On
prend contact avec une relation de relation qui affiche sa fierté d’avoir remis
sur roue des véhicules en bien plus piteux état… il réclame un premier jeu de
clichés pour « rêver » à un éventuel transfert de propriété.
On
sent l’enthousiasme baisser de part et d’autre quand l’interlocuteur exige une
photo du tissu de la banquette arrière, puis ne donne plus signe de vie
peut-être parce que le résultat montre une tâche de graisse sur le
pied-de-poule original.
On
tente de renouer avec le Carb (pour les nuls, répétons
qu’il s’agit du club alfa romeo boxer) dont un membre
éminent avait permis de sauver une première fois le véhicule. Les temps ont
changé et l’inscription au Carb exige maintenant
l’ouverture d’un compte facebook. L’idée de servir de
gibier de marketing au jeune Zuckerberg dont nous ne partageons pas la vision
du monde et d’être inondé de pubs à chaque nouvelle sortie de la marque nous
fait abandonner cette deuxième et dernière piste. On pète un câble en même
temps que celui de l’embrayage.
Comme
le plaisir devient une corvée teintée d’inquiétude, on sait qu’on a franchi les
quelques marches qui nous séparent de la séparation et on se décide à laisser
l’engin partir à la casse.
A
peu de temps de là, un scooter laissé sans surveillance trouve un nouveau
propriétaire. Comme on va porter plainte au commissariat, on se plie à
l’incontournable fouille de l’entrée ; interrogé par un homme en armes,
afin d’éviter de passer pour un terroriste prix sur le fait, on dénonce
préventivement le couteau que l’on porte dans son sac. « Ce n’est pas
grave, Monsieur, je vais l’appréhender » répond fort civilement le
militaire. Le couteau restitué à la sortie ne semble pas souffrir
d’appréhension.
On
se met en quête d’un véhicule de remplacement chez un triple concessionnaire
Yamaha / Suzuki / Kawasaki qui croyant flairer le portefeuille sexagénaire bien
rempli, propose un modèle haut de gamme peu utile à des déplacements parisiano-malkoffiots. Vexé d’être pris pour un gros beauf
qui, s’il achetait une voiture aimerait se pavaner au volant d’un 4/4 sur les
Champs-Elysées, on va réfléchir chez la concurrence qu’on aborde en
s’intéressant d’entrée à un modèle suréquipé.
L’homme
de chez Peugeot s’enquiert de nos habitudes, et tranche sèchement d’un
« Vous n’avez pas besoin de ça » avant de nous proposer une entrée de
gamme. Vexé d’être pris pour un minable qui s’il achetait une voiture n’aurait
pas les moyens d’aller promener un 4/4 sur les Champs-Elysées, pris entre deux
vexations on opte pour la plus économique et la préférence nationale, et puis
c’est curieux ces gens qui font des pianos et des scooters (Peugeot, dira-t-on,
fait bien des moulins à poivre et des 108).
L’assureur
pas né de la dernière escroquerie demande qu’on lui fasse parvenir entre autres
pièces à convictions sur les conditions du vol l’ensemble des clés originales.
Comme il est explicitement mentionné que l’envoi doit se faire exclusivement
par mail, on choisit de ravaler toute fierté et de se déclarer ouvertement
techniquement incompétent pour différer l’expédition demandée.
Vie mondaine
A
la Rotonde, lieu réputé de la vie parnassienne, on est abordé entre tartare et
andouillette par un voisin de table qui impose d’emblée le thème « Les
structuralistes ont fait beaucoup de mal ». On se demande si on a le
niveau pour fréquenter un tel endroit et soutenir une telle conversation. Cela
a d’ailleurs peu d’importance puisque le personnage ne cherche pas à ouvrir un
débat mais juste à ne pas paraître seul quand il s’écoute parler. On pousse le
bouchon trop loin en avouant qu’on ne sait plus très bien ce que sont les
structuralistes. Heureusement le normalien (car il l’est et n’a pas été long à
nous le faire savoir) trouve à sa gauche un interlocuteur à sa hauteur qui nous
permet de retourner à tartare et andouillette
Activité culturelle
Higelin 75, dans la lignée de BBH75 hurle :
"Je suis la loco et j'entre en gare. Dégage de mes rails, tocard !"
Pas sûr que ça rajeunisse, mais ça ravigote.
Bob Dylan jeune chanteur américain qui doit tout
à ses reprises d’Hugues Aufray (comme ne manque pas
de le rappeler ce dernier chaque fois qu’on l’interroge, c’est-à-dire chaque
fois qu’on parle de Dylan) reçoit le prix Nobel de littérature. Est-ce une
catastrophe ? Dans "les inrocks" du 19
octobre, Sylvain Vanot écrit "penser que ces
textes seront lus dans les écoles du pays de Donald Trump,
ça me va". Pas mal pour un gars qui est au courant de la première catastrophe,
mais pas de la deuxième.
Restera le premier prix Nobel de littérature dont
on peut se targuer de posséder tout l’œuvre officiel mais de n’avoir lu
pratiquement aucun livre. Quelqu’un a essayé de lire « Tarentula » ?
(d’ailleurs étrangement introuvable aux milieux des tonnes de biographies en
tout genre qui ont envahi les têtes de gondole de nos librairies).
Les
brunchs de musique de chambre de Malakoff sont comme leur nom l’indique des
brunchs, servis depuis peu par de nouveaux prestataires qui se mettent à six
pour surveiller derrière le buffet que chaque convive ne prend pas plus que la
demi-viennoiserie qui lui est attribuée. On se demande si le calcul économique
est rentable mais on ne pipe mot de peur de se faire expulser avant le quatuor
de Beethoven ou la sonate de Janacek.
A
la nouvelle rentrée, le théâtre abandonne les tyrans au profit d’une troupe
basque qui nous fait profiter de pleins plateaux d’Ossau-Iraty,
de cannelés et de charcutailles au piment d’Espelette. Depuis que le marketing
a envahi le monde culinaire, le sel est toujours de Guérande, le caramel au
beurre salé, la tomme fermière et le piment est d’Espelette. Et ça passe très
bien avec un quatuor de Beethoven ou une sonate de Janacek
Une année assez calme
se termine par une course poursuite commencée à la porte Saint-Martin le 30
décembre, pour atteindre Beaubourg le 31 et y suivre la trajectoire de la
trahison de l’image par Magritte qui part d’un « this
is not a pipe » pour finir en « ceci non
plus n’est pas une pipe ». Sans prendre le temps nécessaire à
l’appréciation de la double transformation sémantique et formelle de la pensée
et du langage, on avale une spaghetti all'arrabbiata
qui nous laisse le temps d’attraper la première navette pour la cartoucherie de
Vincennes où Ariane Mnouchkine présente une série de tableaux autour de l'art
dansé et chanté du Theru Koothu
indien et de la représentation de Djihadistes crétins (et ça fait du bien).
Le
spectacle se termine juste avant minuit et l’on enchaîne avec un repas pris
avec la troupe, composé principalement d’un boudin blanc pas terrible servi par
une Ariane vêtue d’un tablier trop propre pour être honnête.
Activité culturelle
Heureusement elle se
rattrape avec un excellent dessert (une sorte de tiramisu bio aux myrtilles) qu’on
avale en catastrophe pour attraper la dernière navette.
Projets et voyages
On partira en Irlande à Pâques. Cette fois, on verra
les petits moutons si photogéniques mais on n’évitera pas le vendredi saint et
son jeûne forcé.
Cuba, pour mi-juillet, on s’y rend sans un a
priori très positif sur la musique locale, mais les voyages peuvent aussi
former le 3ème âge, d’autant qu’il nous est promis de nous pavaner à
la Havane au volant d’un 4/4.
Vaste monde cruel
Le 11 janvier 2017, une route est engloutie sous la
boue et la roche près du village de Volcan, à 1.530 km au nord-est de Buenos
Aires. Un millier de personnes ont été évacuées et deux sont mortes. C’est sous
le titre plus vendeur « Dingue, un gigantesque glissement de terrain
annule une étape » que la presse relate l’événement, car on parle bien du
« Dakar » qui n’est pas encore la cause d’un décès mais l’innocente
victime d’une intempérie.
Peu
d’espoir
Autant on avait trouvé la motivation que l’on sait à se prononcer pour
les primaires de la droite et de l’extrême-droite, autant celles de « la
belle alliance populaire » (non, sérieusement, rien que le nom…) et les
enjeux présentés par les candidats ont quelque difficulté à nous mobiliser. On
en vient à se demander si pour éviter le pire (ou la pire) on ne se jettera pas
dans la gueule d’un jeune loup banquier dont l’affection pour son épouse nous
rappelle celle si réconfortante que nous constations chez chat numéro 8 à
l’égard de chatte numéro 1… ce qui est quand même la marque d’une extrême
lassitude, peut-être coupable, par rapport à la chose politique sentier de la
sablonnière comme ailleurs.
Parent
numéro 1 : Hélène. Bisous et bonne
santé.
Parent numéro 2 : Didier. Bisous et bonne année.