Chatte numéro 1

Les suites de son opération-réussie-mais-au-réveil-qui-pose-des-problèmes (comme ne l’ont probablement jamais dit les occupants d’apollo 13 à Houston) semblent l’avoir laissée non seulement aveugle mais aussi muette. Elle perd donc l’habitude de miauler mais pas celle de solliciter les humains de la famille à la moindre contrariété. Son unique moyen d’expression est une espèce de gratouillis ou tapotement répétitif et lancinant qui ne permet pas toujours de comprendre son besoin. Elle souhaite généralement de l’aide pour établir un poste d’observation en haut d’un meuble sur lequel elle ne sait plus monter seule, tant les suites de son opération-réussie-mais-au-réveil-qui-pose-des-problèmes semblent avoir également laissé quelques séquelles au niveau de sa motricité.

On se tord alors le bras pour la hisser en un geste élégant sur le supposé sommet de sa convoitise d’où il peut s’avérer qu’elle redescende aussitôt pour manifester clairement que sa demande a été mal interprétée.

Comme la scène a se passe souvent de nuit, on l’entend faire quelques pas, le tour du lit et gratouiller ou tapoter de l’autre côté pour vérifier si l’autre individu susceptible de l’assister est moins hermétique à son expression corporelle.

 

Chats numéros 8 et 9

Les difficultés à les reconnaître persistent d’autant qu’il faut bien avouer que, contrairement à ceux des chattes (Vanille et Châtaigne), les patronymes choisis (Castor et Pollux) sont peu susceptibles d’évoquer une différence d’apparence physique, ce qui serait de toute façon peu utile tant qu’on n’en voit aucune.

 

On prend donc l’habitude de les interpeler sur le mode « tékitoi », « salut le chat rouge » ou « bonjour le vert », dès lors qu’on arrive à voir la couleur du ruban accroché à leur collier, ce qui ne semble nullement les vexer.

 

On retrouve un instant les effectifs félins du mois de janvier 2015, bilan assez peu flatteur après deux adoptions : en effet, pendant quelques jours, la disparition du chat vert (numéro 8) résout temporairement le problème de reconnaissance mais désespère la maisonnée.

Chat numéro 9 (le rouge) ne perd pas une occasion de se frotter à celle qui pourrait largement être sa quinquisaïeule pour manifester l’admiration béate qu’il lui porte.

 

Enfant numéro 1

Le plan Corse (partir, revenir) se heurte à la non admissibilité au concours de l’IRA, à mettre, à n’en pas douter, sur le compte d’une mafia qui fait obstruction à tout ce qui tente de venir du continent et ne s’appelle pas Christian Clavier ou Jacques Dutronc.

Pour passer le temps, elle ne chante pas mais propose ses services au secours populaire où ses diplômes de droit l’aident à aider quelques personnes en difficulté à affronter les suppôts du patronat à la solde du grand capital international.

 

Ses passages au MAE (pour les nuls, MAE n’est pas qu’une mutuelle pour élèves, c’est aussi le Ministère des Affaires Etrangères avec plein de majuscules) lui a ouvert quelques portes, dont celle du MD (pour les nuls MD n’est pas qu’une marque de meuble vintage dont n’importe quel antiquaire daignera en se pinçant le nez vous débarrasser pour vous rendre service pour une somme modique, c’est aussi la Ministère de la Défense). Après plusieurs rendez-vous manqués, s’entretient avec un colonel qui apparemment persuadé que le prestige de l’uniforme fait partie de l’éternel masculin se montre désolé de la recevoir en civil.

 

Finalement, se retrouve affectée au bureau 3C/655, à la DRH du MD comme chargée d’études ASCI au bureau de la réglementation des ouvriers d’état. (Pour les nuls, ne vous inquiétez pas, nous ne savons pas non plus ce qu’est un ouvrier d’état).

La précieuse plaque nécessaire à l’identification de l’employée civile et de sa fonction est gravée et exposée en un temps record à la porte du bureau 3C/655, contrairement à l’outil de travail (ordinateur connecté au réseau) qui n’est fourni qu’après les trois bons mois nécessaires à la vérification des conditions de moralité et de non communisme des relations, ascendants et animaux domestiques de son entourage.

Elle reçoit un mail de félicitations pour la qualité et la rapidité du premier document qu’elle livre à son employeur et s’interdit de répondre qu’elle aurait pu aller encore plus vite si elle avait été équipée plus tôt.

Son compagnon emprunte les mêmes routes de MAE en MD (pour les nuls : on va pas répéter toujours les mêmes trucs), semble rencontrer le même succès avec le colonel mais rate le créneau où le budget est débloqué : c’est malheureux, quand tout l’argent part pour la culture et le social, il n’y a plus de sous pour l’armée.

 

Enfant numéro 2

Marche sur les traces de son père en choisissant de passer son permis de conduire en la regrettée région Rhône-Alpes (pour les nuls, la région Rhône-Alpes, aujourd'hui disparue correspondait peu ou prou à la région Auvergne-Rhône-Alpes diminuée de l’Auvergne). Au nombre de ses motivations, on compte la proximité de l’être cher qui termine ses études entre Saône et Rhône et des raisons pécuniaires basées sur le prix initial du forfait permis, 20 leçons incluses. On ne s’étendra pas sur le fait que le couple regagne Malakoff (elle pour un internat de pharmacie qu’elle inaugure à grand coup de gardes de nuit) avant la fin du projet et que quelques dépenses non provisionnées viennent à augmenter un poste de déplacements d’autant plus négligé qu’il y a, comme pour son père en son temps, matière à récidive.

 

Enfants…

De ce retour parisien et de ce non départ en Corse naissent en avril l’idée d’une installation rue des Dames dans l’appartement familial occupé par un couple rénovateur issu d’une amitié héréditaire.

La définition même d’une amitié héréditaire est de se transmettre de génération en génération. L’histoire n’annonce pas (l’histoire n’annonce jamais rien de fiable) combien de générations prendront plaisir à se prêter au jeu ; en l’occurrence, on doit bien admettre que des intérêts divergents nous empêcheront d’en traverser plus de deux. Alors qu’on craint de devoir en arriver à des moyens légaux et que les juristes potassent les jurisprudences, tout se termine, pas vraiment comme espéré, mais dans les délais, pour novembre. A défaut, d’autre chose, on aura sauvé les meubles (private joke).

Le quatuor s’installe donc avec un canapé en palettes qui aura coûté fromages et galettes alsaciennes (le prix de la corruption de quelques fonctionnaires malakoffiots), mais sans un bric-à-brac roubaisien et peu coquet de fauteuils de plage et de porte-serviette électriques dont on va vérifier s’il fonctionne, (si, si je t’assure) pourtant ramenés du Nord et d’abord promis à un vide-grenier qui n’aura jamais lieu.

On n’aura pas l’occasion de leur offrir le décapsuleur mural, déjà reçu comme un des premiers cadeaux d’une première pendaison de crémaillère à laquelle on n’assiste pas mais dont on saura que, comme lors du réveillon précédent, « les voisins ont été sympas ».

On décide d’équiper l’appartement en rideaux et de s’adresser à un spécialiste de la spécialité. Chaque couple discute longuement des particularités se sa chambre et de ses goûts avec une spécialiste spécialement déléguée. Les moindres détails sont réglés avec précision. Il est conseillé de mesurer la hauteur de plafond au pied à coulisse et de répondre à la question « Vous voulez le rideau qui traîne par terre ou vous avez d’autres moyens pour ramasser la poussière ? ». Les difficultés commencent quand on essaie de faire comprendre aux reines de la vente que les deux commandes ne sont qu’une pour le même appartement et que ce n’est pas parce qu'elles éprouvent quelque difficulté à saisir la différence entre « même appartement », « même commande » et « même palier » qu’on va accepter de payer deux fois le plein d’essence de leur camion de livraison.

 

Boulot numéro 1

A l’éducation nationale, tout va bien. Les parents d’élèves offrent les petits déjeuners à la rentrée et gardent le sourire tant que la conversation ne suggère pas que le chérubin devrait éviter de fracasser la tête de son condisciple sur le coin de la bibliothèque, au moins pendant les heures de cours. C’est parce que pendant les récrés, il préfère jouer au foot et faire des croche-pieds, vous reprendrez bien un peu de café ? Avec plaisir, mais déca, sinon il y a un truc qui va m’énerver.

 

Boulot numéro 2

Employeur digital et humain. L’informatisation et toutes les optimisations de processus poursuivent un seul et même but : la diminution des etp. (Pour les nuls, un etp est un équivalent temps plein). Des etp qu’on gagne c’est ecolo, c’est propre, et ça n’a rien à voir avec le fait de virer des gens comme le ferait un suppôt du patronat à la solde du grand capital international. A la grande rigueur, ce pourrait être des chômeurs qu’on n’embauche pas.

Plus personnellement, on tape l’adresse de la rue des Dames pour vérifier l’éligibilité de l’appartement à la fibre optique. Alors que le site de l’employeur digital se lamente que l’adresse est inconnue, et qu’il s’agirait de préciser la demande, Google outre une vue du balcon en 3d présente la photo du café-tabac du rez-de-chaussée et on sent qu’un coup de roulette de souris permettrait de zoomer sur le prix du paquet de gitanes le jour de la prise de vue si l’on savait quelle maladie peu ragoutante était alors affichée en lieu et place de la danseuse préférée de Gainsbourg.

 

 

Voyages

A pâques à Prague, le « mur de Lennon » est devenu un infâme barbouillage devant lequel posent des japonaises envahissantes en robe rose évaporée et d’où émergent ça et là quelques formes circulaires rappelant vaguement les bésicles que chaussait le génial mari d’une tout aussi pénible japonaise. Les jeunes locaux sont coiffés à la Justin Bieber. L’époque a les héros qu’elle peut. La révolte est soluble dans la démocratie.

On déguste quelques trdelnik qu’on préfère commander en les pointant du doigt, comme à peu près la totalité de ce qu’on achète sur place (y compris les tripes épicées, et le « porc sous vide » qui bien que figurant en français sur le menu tchèque ne doit pas se prononcer tout à fait comme à Malakoff).

Retenons l’exception notable de l’absinthe qu’on choisit sur les conseils de la barmaid sans avoir eu l’occasion de remarquer l’horrible bestiole qui macère dans la bouteille et lui donne certainement cette finale en bouche qu’on avait du mal à identifier.

 

En manque de New-York où on s’était bien juré d’aller, c’est un peu poussés par l’urgence de l’ouverture étazunienne que nous sommes pris d’une envie soudaine de voir Cuba sans McDonald et de rendre visite à Fidel avant qu’il ne troque ses trois bandes pour un swoosh.

Le projet prend forme grâce à une efficace voyagiste qui propose un agenda fort détaillé avec retour à Paris la veille de la rentrée scolaire. Comme on refuse par crainte qu’une jetlaguitude vienne à obérer la qualité du premier contact avec les têtes blondes, se forme in extrémis l’idée de remplacer Cuba par la Sicile et la conseillère fait preuve de la même diligence pour boucler un tour de l’île italienne en tout point équivalent, durée et budget compris. En guise de remerciement, on décide de lui piquer sa proposition de circuit et d’effectuer le voyage par nos propres moyens.

Le loueur a promis une mignonne Fiat 500 locale. Après la déception due à son remplacement par une peugeot 108 (c’est beaucoup plus solide, vante le préposé), on a trois semaines pour survivre aux méthodes de conduites insulaires qui découlent toutes de l’axiome de base « Quand ça passe, ça passe ». On constate qu’il est strictement dé-corrélé de toute règle externe qui risquerait d’en altérer la pureté (code de la route en particulier), de tout rapport à une signalétique parfois utilisée ailleurs (panneaux routiers, ligne continue, etc.), comme de toute référence au moyen de locomotion des protagonistes (camion, automobile scooter ou pieds). On en déduit de façon triviale une série de théorèmes : « Si ça passe, je passe ; si ça passe maintenant, je vois pas pourquoi j’attendrais ; si ça passe avec clignotant, ça passe sans ; si ça passe à deux à l’heure, ça passe aussi à 50 ; si tu peux passer et que tu passes pas, je passe ; si je passe, t’attends ; si tu passes porte fermée, je peux l’ouvrir quand tu passes ; si ça passe à deux, ça passe à trois » qui permet de s’adapter à la plupart des situations en serrant les dents.

 

Le mariage de la fille du parrain de Palerme a lieu en la cathédrale de Monreale. La mariée arrive en Porsche. En repérant un petit gamin à la frimousse sympathique, on se prend à imaginer qu’il est l’héritier de cet empire mais qu’il a intérêt à investir dans une garde rapprochée s’il veut être un jour en âge d’en profiter.

Coppola se serait inspiré de la musique sicilienne pour faire écrire la musique de son parrain à lui. On peut dire que la musique sicilienne le lui a bien rendu, tant tout orchestre local armé s’un accordéon se sent obligé d’entamer la ritournelle de Nino Rota à l’approche du touriste.

 

Au hasard d’un magasin de disques, on tombe sur un « Amore e furto » sous-titré, « Di Gregori canta Dylan ». Les renseignements pris auprès de personnes de confiance sur le premier, concomitamment à une certaine connaissance qu’on a de l’œuvre du second, laissent supposer qu’on peut miser quelques euros sur le produit. On savoure l’achat, ne serait-ce que pour le plaisir d’entendre le « look out kid » de « Subterranean Homesick Blues » devenir un « ragazino coza fai » dans « Acido Seminterrato ».

 

Vaste monde cruel

On s’épuise en vain à quelques manifestations, stupéfait d’entendre le 6 juin le bientôt ex-président affirmer que « Personne ne comprendrait que des grèves perturbent la compétition ». C’est donc grâce à un tournoi de football qui va débuter sous peu qu’on comprend qu’on est gouverné par des gens qui l’estiment plus important que le code du travail.

Plus tard, la loi passée en force permettra à un ministre encore en place d’aller faire de l’œil à Tesla en affirmant sa fierté qu’en France les lois sociales sont heureusement plus souples qu’en Allemagne.

 

On se rappelle qu’au mois d’août 2012, l’excellent Willem faisant un premier bilan de la jeune présidence avait résumé la situation par ce dialogue : « Mais au bout de cent jours, qu’est-ce que vous appréciez chez François Hollande ? - Il n’est pas Sarkozy ».

On peut déjà être assuré d’une chose : le président à venir en 2017 partagera avec l’élu de 2012 cette qualité essentielle.

C’est donc dès le 20 novembre qu’on pousse un grand soupir de soulagement augmenté du petit plaisir qu’on éprouve à avoir contribué à ce résultat en déposant dans les urnes de les primaires de les républicains un bulletin stratégique en guise d’expression de notre désir de n’importe quoi sauf lui. On croit d’abord goûter à un repos bien mérité et rester au chaud le dimanche suivant en se félicitant du « good job » accompli quand certains signes alarmants nous laissent entendre que tous les n’importe quoi ne se valent peut-être pas. On ressort donc loden et jupe plissé pour réaffirmer une préférence pour le n’importe quoi avec moins de messe et plus de sécu. Ce deuxième déplacement s’avère moins efficace, et c’est un peu déçu qu’on subit le soir le spectacle du crucifix triomphant exhibé par Valerie Boyer, porte-parole et porte-croix du vainqueur. Good job quand même.

 

En 1992, Cohen écrivait “democracy is coming to the Usa”. Sans qu’on n’eût jamais réellement compris à quoi il faisait allusion à l’époque, c’est bien en 2016 qu’il écrit « it’s getting darker », et peut-être victime d’un scoop dont il aurait l’exclusivité, meurt avant l’annonce de l’élection de Trump comme prochain président des États-Unis.

On perd George Martin, dit le 5ème beatle. La postérité aura sans doute du mal à attribuer le titre de « premier beatle », mais il n’est que deux individus qui peuvent sérieusement y prétendre. Celui de 5ème beatle reste beaucoup plus disputé par une liste de personnes qui reste difficile à établir.

 

Disparition de Rick Paritt, les chœurs de l’armée rouge, de Prince, d’une fausse princesse et de sa mère, de Pierre Barouh dont les chabada ne nous feront pas oublier la fière devise « il y a des années ou on a envie de ne rien faire ».

Siné dont on venait de lire les aventures cubaines, Fidel Castro qui termine les siennes, Vuarnet dont on a longtemps pris à tort le vrai patronyme pour le pseudo cocasse d’un fabriquant de lunettes, Michèle Morgan, née à moins d’une dizaine de 29 février de nous.

Robert Vaughn qui a marqué le rôle de Napoléon Solo dans « the men from UNCLE ». L’histoire et la presse préfèrent se souvenir de lui comme du dernier des sept mercenaires, ce pistolero déjà vieillissant, lâche et alcoolique qui capturant difficilement une mouche parmi les 6 posées sur la table se lamente d’un « et dire qu’autrefois, je les aurais toutes eues » qui traduit toute la détresse du has been. (Un anti-héros rêvé pour Gotlib).

 

Gotlib ! On va travailler une coccinelle au revers dans la même indifférence générale que celle rencontrée quand on avait exhibé un sapeur Camember le 29 février.

Dylan constatait aussi. “It’s not dark yet, but it’s getting there”. Ou, comme dirait Di Gregori, « Non e Buio Ancora ».

 

Musique et autres distractions

On cède à la folie de la vente de vinyles à la maison de la radio en se procurant quatre doubles albums de Pierre Schaeffer, pionnier de la musique concrète et de la RTF aux titres alléchants « le texte et le micro », « l’écran sonore », ...

 

Travaux et aménagements

Au bout de trois ans de luttes mensuelles (fréquence normale à laquelle un assureur daigne se pencher sur un dossier en cours) un remboursement arrive, couvrant mises à la norme de Velux (soit une pente de 27%) et conséquences, plus replacement de tuiles de zinc (sans conséquence).

Une nuit d’insomnie, on se demande si le nombre de 27 % reconnu unanimement par la profession correspond à un calcul, une recommandation de Léonard de Vinci, de Jean Nouvel ou des établissements Maurin, plombier-zingueur à Malakoff.

Est-ce l’arc-tangente d’un rapport dérivé du nombre d’or, l’angle que font le soleil, la terre et la lune au solstice ou quand le premier éclaire le cercueil de Toutânkhamon au cœur de la grande pyramide, ou quand Castor et Pollux (les constellations) sont alignées avec Orion, ou Vanille ? On se rendort juste en se disant « p… pourvu que ça arrête de fuir ».

 

L’alfa qu’on prend encore un certain plaisir à conduire de temps à autre après en avoir vérifié et souvent rechargé la batterie nous lâche au milieu d’un carrefour. On est secouru par un généreux mécanicien surgi de chez speedy en chevauchant fièrement un chargeur de batterie (tel un autre héros gotlibien).

On prend contact avec une relation de relation qui affiche sa fierté d’avoir remis sur roue des véhicules en bien plus piteux état… il réclame un premier jeu de clichés pour « rêver » à un éventuel transfert de propriété.

On sent l’enthousiasme baisser de part et d’autre quand l’interlocuteur exige une photo du tissu de la banquette arrière, puis ne donne plus signe de vie peut-être parce que le résultat montre une tâche de graisse sur le pied-de-poule original.

On tente de renouer avec le Carb (pour les nuls, répétons qu’il s’agit du club alfa romeo boxer) dont un membre éminent avait permis de sauver une première fois le véhicule. Les temps ont changé et l’inscription au Carb exige maintenant l’ouverture d’un compte facebook. L’idée de servir de gibier de marketing au jeune Zuckerberg dont nous ne partageons pas la vision du monde et d’être inondé de pubs à chaque nouvelle sortie de la marque nous fait abandonner cette deuxième et dernière piste. On pète un câble en même temps que celui de l’embrayage.

Comme le plaisir devient une corvée teintée d’inquiétude, on sait qu’on a franchi les quelques marches qui nous séparent de la séparation et on se décide à laisser l’engin partir à la casse.

 

A peu de temps de là, un scooter laissé sans surveillance trouve un nouveau propriétaire. Comme on va porter plainte au commissariat, on se plie à l’incontournable fouille de l’entrée ; interrogé par un homme en armes, afin d’éviter de passer pour un terroriste prix sur le fait, on dénonce préventivement le couteau que l’on porte dans son sac. « Ce n’est pas grave, Monsieur, je vais l’appréhender » répond fort civilement le militaire. Le couteau restitué à la sortie ne semble pas souffrir d’appréhension.

 

On se met en quête d’un véhicule de remplacement chez un triple concessionnaire Yamaha / Suzuki / Kawasaki qui croyant flairer le portefeuille sexagénaire bien rempli, propose un modèle haut de gamme peu utile à des déplacements parisiano-malkoffiots. Vexé d’être pris pour un gros beauf qui, s’il achetait une voiture aimerait se pavaner au volant d’un 4/4 sur les Champs-Elysées, on va réfléchir chez la concurrence qu’on aborde en s’intéressant d’entrée à un modèle suréquipé.

L’homme de chez Peugeot s’enquiert de nos habitudes, et tranche sèchement d’un « Vous n’avez pas besoin de ça » avant de nous proposer une entrée de gamme. Vexé d’être pris pour un minable qui s’il achetait une voiture n’aurait pas les moyens d’aller promener un 4/4 sur les Champs-Elysées, pris entre deux vexations on opte pour la plus économique et la préférence nationale, et puis c’est curieux ces gens qui font des pianos et des scooters (Peugeot, dira-t-on, fait bien des moulins à poivre et des 108).

 

L’assureur pas né de la dernière escroquerie demande qu’on lui fasse parvenir entre autres pièces à convictions sur les conditions du vol l’ensemble des clés originales. Comme il est explicitement mentionné que l’envoi doit se faire exclusivement par mail, on choisit de ravaler toute fierté et de se déclarer ouvertement techniquement incompétent pour différer l’expédition demandée.

 

Vie mondaine

A la Rotonde, lieu réputé de la vie parnassienne, on est abordé entre tartare et andouillette par un voisin de table qui impose d’emblée le thème « Les structuralistes ont fait beaucoup de mal ». On se demande si on a le niveau pour fréquenter un tel endroit et soutenir une telle conversation. Cela a d’ailleurs peu d’importance puisque le personnage ne cherche pas à ouvrir un débat mais juste à ne pas paraître seul quand il s’écoute parler. On pousse le bouchon trop loin en avouant qu’on ne sait plus très bien ce que sont les structuralistes. Heureusement le normalien (car il l’est et n’a pas été long à nous le faire savoir) trouve à sa gauche un interlocuteur à sa hauteur qui nous permet de retourner à tartare et andouillette

 

Activité culturelle

Higelin 75, dans la lignée de BBH75 hurle : "Je suis la loco et j'entre en gare. Dégage de mes rails, tocard !" Pas sûr que ça rajeunisse, mais ça ravigote.

Bob Dylan jeune chanteur américain qui doit tout à ses reprises d’Hugues Aufray (comme ne manque pas de le rappeler ce dernier chaque fois qu’on l’interroge, c’est-à-dire chaque fois qu’on parle de Dylan) reçoit le prix Nobel de littérature. Est-ce une catastrophe ? Dans "les inrocks" du 19 octobre, Sylvain Vanot écrit "penser que ces textes seront lus dans les écoles du pays de Donald Trump, ça me va". Pas mal pour un gars qui est au courant de la première catastrophe, mais pas de la deuxième.

Restera le premier prix Nobel de littérature dont on peut se targuer de posséder tout l’œuvre officiel mais de n’avoir lu pratiquement aucun livre. Quelqu’un a essayé de lire « Tarentula » ? (d’ailleurs étrangement introuvable aux milieux des tonnes de biographies en tout genre qui ont envahi les têtes de gondole de nos librairies).


Les brunchs de musique de chambre de Malakoff sont comme leur nom l’indique des brunchs, servis depuis peu par de nouveaux prestataires qui se mettent à six pour surveiller derrière le buffet que chaque convive ne prend pas plus que la demi-viennoiserie qui lui est attribuée. On se demande si le calcul économique est rentable mais on ne pipe mot de peur de se faire expulser avant le quatuor de Beethoven ou la sonate de Janacek.

A la nouvelle rentrée, le théâtre abandonne les tyrans au profit d’une troupe basque qui nous fait profiter de pleins plateaux d’Ossau-Iraty, de cannelés et de charcutailles au piment d’Espelette. Depuis que le marketing a envahi le monde culinaire, le sel est toujours de Guérande, le caramel au beurre salé, la tomme fermière et le piment est d’Espelette. Et ça passe très bien avec un quatuor de Beethoven ou une sonate de Janacek

 

Une année assez calme se termine par une course poursuite commencée à la porte Saint-Martin le 30 décembre, pour atteindre Beaubourg le 31 et y suivre la trajectoire de la trahison de l’image par Magritte qui part d’un « this is not a pipe » pour finir en « ceci non plus n’est pas une pipe ». Sans prendre le temps nécessaire à l’appréciation de la double transformation sémantique et formelle de la pensée et du langage, on avale une spaghetti all'arrabbiata qui nous laisse le temps d’attraper la première navette pour la cartoucherie de Vincennes où Ariane Mnouchkine présente une série de tableaux autour de l'art dansé et chanté du Theru Koothu indien et de la représentation de Djihadistes crétins (et ça fait du bien).

Le spectacle se termine juste avant minuit et l’on enchaîne avec un repas pris avec la troupe, composé principalement d’un boudin blanc pas terrible servi par une Ariane vêtue d’un tablier trop propre pour être honnête.

 

 

Activité culturelle

Heureusement elle se rattrape avec un excellent dessert (une sorte de tiramisu bio aux myrtilles) qu’on avale en catastrophe pour attraper la dernière navette.

 

Projets et voyages

On partira en Irlande à Pâques. Cette fois, on verra les petits moutons si photogéniques mais on n’évitera pas le vendredi saint et son jeûne forcé.

Cuba, pour mi-juillet, on s’y rend sans un a priori très positif sur la musique locale, mais les voyages peuvent aussi former le 3ème âge, d’autant qu’il nous est promis de nous pavaner à la Havane au volant d’un 4/4.

 

Vaste monde cruel

Le 11 janvier 2017, une route est engloutie sous la boue et la roche près du village de Volcan, à 1.530 km au nord-est de Buenos Aires. Un millier de personnes ont été évacuées et deux sont mortes. C’est sous le titre plus vendeur « Dingue, un gigantesque glissement de terrain annule une étape » que la presse relate l’événement, car on parle bien du « Dakar » qui n’est pas encore la cause d’un décès mais l’innocente victime d’une intempérie.

 

Peu d’espoir

Autant on avait trouvé la motivation que l’on sait à se prononcer pour les primaires de la droite et de l’extrême-droite, autant celles de « la belle alliance populaire » (non, sérieusement, rien que le nom…) et les enjeux présentés par les candidats ont quelque difficulté à nous mobiliser. On en vient à se demander si pour éviter le pire (ou la pire) on ne se jettera pas dans la gueule d’un jeune loup banquier dont l’affection pour son épouse nous rappelle celle si réconfortante que nous constations chez chat numéro 8 à l’égard de chatte numéro 1… ce qui est quand même la marque d’une extrême lassitude, peut-être coupable, par rapport à la chose politique sentier de la sablonnière comme ailleurs.

 

 

Parent numéro 1 : Hélène. Bisous et bonne santé.

 

 

Parent numéro 2 : Didier. Bisous et bonne année.