Chatte numéro 1

Reste cardiaque et accro à son quart de Fortekor quotidien. Comme sa silhouette rappelle de plus en plus celle d’un tonneau, on se demande s’il ne s’agit pas d’un effet secondaire du précieux médicament. « Non, non », répond pour la troisième fois la vétérinaire.

« Oui, oui », répond Google interrogé pour la première fois.

 

Chatte numéro 2

Apparition d’une grosse excroissance dorsale, sous cutanée qu’il convient de faire retirer dans les meilleurs délais.

L’opération a lieu juste avant un départ en vacances. L’animal trouve évidemment le moyen de rouvrir sa plaie non cicatrisée alors qu’il est placé sous la garde des enfants (numéro 1 et assimilé) qui trouvent, eux, celui (le moyen) de faire rapatrier les parents et leur rendre la charge de la convalescente.

A cette occasion, la vétérinaire choisit au hasard dans sa réserve un bandage style camouflage (ce joli mélange marron, kaki et vert qu’affectionne la gente militaire).

 

Récidive, de mauvais augure, en décembre.

Après les atermoiements de circonstance, la vétérinaire annonce, que pour la deuxième opération (théoriquement en tous points similaire à la précédente en protocole comme en coût), on pourra faire l’économie d’une prise de sang. La sentant en veine de générosité, on lui demande (sans vouloir abuser) qu’elle utilise le même bandage de camouflage, ce qui prouve à ceux que l’observation attentive de la déchéance de Brigitte Bardot n’avait pas encore convaincus que la confrontation à la souffrance animale peut faire perdre tout sens commun.

 

Chattes numéro 1 et 2

A l’une comme à l’autre, les vieux fauteuils Louis XV rajeunis d’un tissu furieusement moderne et flashy, et le vieux pouf tapissé de couvertures de magazines glamour (chacun peut poser ses fesses sur Michelle Obama, Claudia Schiffer ou Daniel Craig) font grand effet. Les premiers instants de respect passé, elles redécouvrent un usage de type « grattoir » dont seule la pose de vieux coussins moches qui dissimulent les beaux tissus neufs et chers aux yeux des propriétaires autant qu’aux leurs les dissuadera.

 

Enfant numéro 1

Réside toujours avec le chti qui partage sa vie, ses études et son toit et qui, au gré de sa fantaisie, la ramène à Roubaix, lui fait connaître Gérardmer ou l’emmène en famille (la sienne, merci à eux) redécouvrir Québec.

Continue à négliger le tourisme alpin que les parents en visite estiment pourtant être le seul intérêt de la ville de Grenoble, arguant qu’elle est toujours accablée par la quantité de travail exigée par sa formation. Ainsi, lorsque le couple affirme s’être lié d’amitié avec un coréen adopté devenu Indépendantiste alsacien de sang royal, les parents préfèrent ne pas intervenir jugeant qu’un petit pétard de temps en temps peut les aider à tenir le coup.

Elle termine ainsi ses études grenobloises en obtenant son master2 en droit international, option « causette avec les méchants » (rappelons qu’au difficile jeu des simulations des négociations de l’ONU, elle fait la Croix Rouge à elle toute seule) en soutenant une thèse pas spécialement fun sur « la France et les crimes de guerre ».

Le jury séduit salue la qualité de la production mais un peu faux-derche lui conseille de ne publier que si, « enfin, vous voyez, vous ne cherchez pas trop à rentrer dans l’administration ».

 

Elle gagne de justesse un pari contre son père en allant finalement emprunter le téléphérique qui monte du centre-ville vers la colline d’où on peut admirer le centre-ville, puis, comme prévu, vient se réinstaller à Malakoff.

Avec son compagnon, comme prévu. C’est en tout cas ce qui semble avoir été décidé lors d’une négociation non simulée à laquelle les parents ne se rappellent pas avoir été conviés.

 

Lui, qui projette une carrière de commissaire de police vient donc à la Capitale pour préparer le concours qui en fera un des patrons du 36 avant qu’il ne déménage. Réalisant soudain que sa position de successeur du célèbre Bougret lui imposera le port du chapeau mou sur cheveux ras et visage glabre (à l’exception peut-être d’une fière moustache gauloise), il se met en devoir de laisser pousser une dernière fois barbe et cheveux et d’explorer tout un tas de variantes entre catogan, queue de cheval, peigne en avant, en arrière. Certain de n’avoir pas fait le tour de ses possibilités capillaires, il retarde provisoirement son inscription au concours.

Ses principes alimentaires assez stricts l’amènent à contempler d’un œil suspect certaines traces de bonification du fromage qu’il qualifie de « poils ». C’est un peu notre « Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu » à nous.

 

Quant à elle, ayant un ticket avec le ministère des affaires étrangères, elle se voit très vite proposer un stage pour étudiant, qui aurait déjà commencé si elle était encore étudiante. Qu’à cela ne tienne, pense-t-on d’abord en effectuant en un tournemain une inscription aux cours du Cnam. Sitôt dit, sitôt fait, sitôt fait, sitôt rattrapée par la patrouille. Non seulement (non solum) le Cnam refuse de délivrer la convention de stage, mais (sed etiam) il menace des pires poursuites judiciaires en dénonçant une inscription illégale que la morale réprouve. On change son fusil d’épaule et l’enfant se déplace à Grenoble, toujours pas pour le téléphérique : pour s’inscrire à une nouvelle formation légale, mais non diplômante et donc tout aussi inutile pour atteindre le but recherché. Aux dernières nouvelles, le dossier aurait tant plu au ministère qu’il est question d’une vacation débutant en février (au fait, ils ont vu le sujet de la thèse ?).

 

Après des années passées en britannie,  puis dans le Nord, à leur retour en ile de France, la bière coule à flots, d’autant que leur passion pour ce breuvage semble partagée avec l’enfant numéro 2.

 

Enfant numéro 2

Continue à se nourrir souvent dehors, souvent en horaire ou juste assiette décalée, voire les deux à la fois. Des manifestations en sont l’arrivée inopinée d’un livreur de sushis ou la propagation d’une odeur de croque-madame grillé qui, vers trois heures du matin, vient titiller les narines des parents à qui il arrive de rêver qu’il est l’heure de se lever et qu’une âme généreuse leur a préparé des toasts.

 

Donne beaucoup dans le déplacement en région (pour les nuls, c’est comme ça qu’on appelle la province pour ne pas vexer les provinciaux) en compagnie d’un cercle large mais fidèle d’amis. A l’une ou l’autre de ces occasions, la faluche égarée est reconstituée de toutes ou presque pièces, entendons par là en remplaçant le remplaçable et en regrettant l’irremplaçable.

 

Lors d’un déplacement à Bayonne, semble-t-il à la suite d’une soirée où il aurait pu rencontrer des coréens adoptés indépendantistes alsaciens, perd son groupe de copains, se retrouve sans argent, et mobile déchargé à attendre un car qui n’existe pas, puis erre un ou plusieurs jours à la recherche d’un improbable fil d’Ariane.

Cela prouvera au moins que l’égarement du mobile ou la décharge de batterie n’est pas réservé à la relation  avec les parents, quand il s’agit d’honorer la sempiternelle et sans doute lancinante requête « T’oublie pas de nous appeler en arrivant ».

 

Encore étudiant, prend un poste de stagiaire chez Bristol-Myers Squibb qu’on appelle avec moins de précision mais plus de facilité Upsa.

 

Boulot numéro 1

La liste FCPE gagne les élections de parents d’élèves et produit une gazette de 20 pages sur papier glacé, centrée sur le dossier « notes du comportement, une autre école est possible ». Il y est proposé le remplacement des trop classiques bonshommes vert, orange et rouge (susceptibles « d’induire des effets pervers ») par un « loup du comportement » capable de passer par quatre couleurs propres à « responsabiliser l’enfant plutôt que le culpabiliser » (d’autant qu’il est bien précisé de ne « pas l’utiliser pour des éléments à caractère médical : aller aux toilettes »).

Vexé de n’avoir pas pensé de soi-même à proposer des réunions pour « apprivoiser le loup intérieur de l’enfant qui a enfreint une ou plusieurs règles », le corps enseignant (mauvais joueur) garde la feuille de chou par devers soi et s’amuse à en corriger les fautes d’orthographe.

 

Boulot numéro 2

Tant qu’on peut encore aller aux toilettes sans avoir un loup orange…

 

Voyages

Irlande fin avril. Pour un 3ème vendredi saint sur place, on a bien compris que les pubs étaient fermés et la bière interdite. On comprend aussi, comme les locaux, qu’il est possible de boire du vin en accompagnement d’un repas. Ce jour-là les Irlandais vont beaucoup au restaurant et se nourrissent d’un rien.

 

Alsace en été. On découvre ou redécouvre Hansi, dessinateur très patriote donc anti-« boche », donc un peu réac sous le crayon duquel on peut entrevoir les prémices des œuvres d’Hergé ou de Gir (en imaginant des vues plongées où les villages d’indiens seraient remplacés par des Alsaciennes à coiffe et cocarde et les vautours par des cigognes). Occupés à déguster des fleischnaka, lawerknepfla, spaetzles, on manque d’oublier de manger une choucroute.

En revanche, on assimile bien vite le Gewurztraminer sous toutes ses formes, surtout le « vendanges tardives » dont on n’oublie pas de goûter toutes les variantes au fur et à mesure du voyage.

 

Les toits ressemblent à ceux des hospices de Beaune. Les maisons sont à colombage (dont on finit par se demander dans quelle région de France on pourrait ne pas en trouver). Les cigognes omniprésentes. La petite Venise à Colmar, la petite France à Strasbourg (charmant quartier, dit autrefois « des vérolés »). On mange des bretzels qu’il ne s’agit pas d’aimer mais de déguster parce que c’est l’Alsace, comme à New-York, parce que c’est New-York.

 

Désireux de ramener un souvenir à l’enfant numéro deux, on entre imprudemment humer l’air d’un magasin à touristes. A peine a-t-on l’œil attiré par un pack assorti de différentes teintes de bières qu’on est happé par la vendeuse avec qui on joue carte sur table pour obtenir le conseil adapté : « C’est pour notre fils, surtout amateur de bière blanche, on se demande s’il aimera les autres surtout la brune, est-ce qu’elle est forte ? ». La réponse de l’experte ne se fait pas attendre : « pas de problème, de toute façon, s’il n’en aime pas une, il aura qu’à les mélanger, c’est comme ça qu’on fait ».

Ben voyons, quand un invité trouve mon Saint-Julien trop tanique, je l’allonge au Beaujolais nouveau (celui qui sent la banane).

 

On traverse plusieurs « plus beau village de France » : Eguisheim, Riquewihr. On oublie ce qu’on y a vu et quand, mais on retient qu’on y a bu un cru de Gewurztraminer.

 

On traverse la frontière allemande pour le dépaysement, surtout celui de la langue, pour voir une belle ville et le plaisir d’acheter un sandwich à la saucisse mis dans un petit pain rond avec de la moutarde qui dégouline partout. On croyait pourtant avoir demandé la version avec le pain long, celui où la moutarde ne dégouline que d’un côté à la fois.

C’est là qu’on se rend compte que si une langue, (selon la définition de Ferdinand de Saussure), est un système de signes conventionnel et doublement articulé qui sert de moyen de communication et d'échange, c’est aussi un prérequis pour ne pas se foutre de la moutarde plein les doigts.

 

Le séjour alsacien se termine brusquement à « le Bonhomme ». Nous déconseillons fortement à toute personne souffrant de la moindre tendance neurasthénique de passer une soirée à « le Bonhomme », même si leur chat est en excellente santé.

En l’occurrence, la conjonction de l’endroit, de son unique rue déserte (avec son unique et cafardeux hôtel - table d’hôte dont les papiers peints sont un appel au suicide et où nous avons bien sûr élu domicile) et de la mauvaise nouvelle (l’ouverture de la cicatrice de chat numéro 2) annoncent une soirée de déprime évitée de peu par la découverte tardive d’un deuxième restaurant où on déguste enfin la fameuse choucroute et le dernier Gewurztraminer vendanges tardives local.

On décide de rentrer en catastrophe en région parisienne pour gérer le problème « cicatrice ».

Cette décision héroïque étant prise, le retour à l’hôtel se fait dans la bonne humeur « tu trouves pas qu’il est sympa leur papier ? – oui j’aime bien le petit canard qui se baigne dans la marre avec le lapin qui lui sourit… ».

 

Cela nous prive hélas d’une villégiature pourtant prometteuse à Gérardmer et on se contentera, sur le chemin du retour qui passe par Chalon-sur-Saône de prendre le temps de faire provision de chaussettes Labonal à Besançon (pour les nuls, Labonal qui signifie « La bonneterie alsacienne » est une excellente marque de chaussettes dont la qualité est unanimement reconnue en Alsace et jusqu’à Besançon).

 

On s’accorde une petite prolongation en boulonnais : à Wissant (prononcer ouissant) et Wimereux (prononcer vimereux) dans un hôtel capable de nous faire oublier le Bonhomme. C’est là, alors qu’on s’interroge encore sur l’intérêt du « w » dans la langue française, qu’on découvre un superbe Whisky qui nous permet de tenir une discussion de pseudo experts mais de vrais frimeurs avec le maître d’hôtel.

On s’en procurera une bouteille à Noël. On recevra aussi un « Wambrechies » au nom plus écossais qu’un Ecossais (au moins pour une oreille Malakoffiote), en réalité tout aussi originaire du Nord que la belle-sœur de l’enfant numéro un, qui nous l’offre en échange d’un paquet de feutres surligneurs (assortis).

 

Pour changer du nord, et revoir la mer avant l’hiver, on passe deux jours en Picardie vers le Crotoy.

 

Au cours de nos pérégrinations, nous traversons Obernay, Thann, l’Isle Adam, Montreuil-sur-mer, Château-Gontier, Saint-Valery-sur-Somme et leurs syndicats d’initiative dont les preuves de passage nous font gagner un superbe polo aux couleurs de « Les plus beaux détours de France ».

Les Plus Beaux Détours de France, c’est comme les plus beaux villages mais juste si t’es pas trop loin. On note incidemment que l’association est présidée par Hervé Mariton.

 

Carnet mondain, suite

Rue Raymond Losserand la rencontre de Cabu dans un troquet local, amorcée en 2013 n’est désormais plus fortuite : on constate qu’il se rend avec une touchante régularité au susdit troquet, tous les mardis avec les mêmes copains. Il devient si facile de le voir qu’on ne ressent même plus le besoin d’aller demander l’autographe qu’on avait envisagé (comme pour Willem ci-devant Malakoffiot, abordé un jour dans le métro bien avant qu’il ne s’exile en l’île de Groix). Et puis de toute façon, rien ne presse.

 

Vaste monde cruel

Après le coup d’état chilien instituant la dictature de Pinochet en 1973, et l’attentat du WTC en 2001, c’est encore un 11 septembre qu’un nouveau séisme va secouer la planète : Bernard Tapie n’aurait pas réellement été lésé dans l’affaire Crédit Lyonnais Adidas ! Les 400 millions de dédommagement (dont 50 pour préjudice moral) que d’aucuns se permettaient de trouver exagérés seraient ainsi complètement injustifiés. On a peine à croire que cet homme ait pu accepter une telle transaction, d’ailleurs établie avec l’accord tacite de l’ancien président connu pour sa rigueur morale. Ce dernier a justement, peu auparavant , mis à profit sa mise en garde à vue pour se mettre à gigoter et nous préparer à l’idée qu’il souhaitait remplacer son statut d’ancien président par celui plus flatteur de prochain.

 

Le fait d’être sponsor des plus beaux détours de France n’aide pas Hervé Mariton à se hisser à la présidence de l’UMP. Nous nous étions pourtant pris de sympathie pour le personnage. De façon plus générale, nous nous prenons immédiatement de sympathie pour tout personnage qui par les moyens, fussent-ils les plus abjects, les plus fourbes et les plus inavouables tente d’éloigner les crocs de l’ancien président de toute forme de pouvoir (à part bien sûr Bernard Tapie).

 

Musique et autres distractions

Pas de Dylan en France cette année.

Johnny Winter vu l’année dernière à l’Olympia décède ; comme Joe Cocker, Charlie Haden, Jack Bruce et JJ Cale.

Still alive and well, les jumeaux Moutin viennent jouer leur Jazz fusionnel et déchaîné au foyer bar du théâtre de Malakoff, volant à la vedette au saxophoniste qu’ils sont censés accompagner.

 

On avait en 2013, découvert que Keith Haring, connu pour ses petits bonshommes rigolos souffrait d’une maladie grave qui l’emporta à 31 ans et exprimait, à qui savait y regarder de plus près, sa haine du racisme, de l’injustice et la violence, des ségrégations, la menace nucléaire, la destruction de l’environnement et l’homophobie. En 2014 on apprend que Niki de Saint Phalle connue pour ses grosses bonnes femmes marrantes  a subi un viol incestueux et militait contre tous les machismes et autres formes de discrimination. On apprend aussi que Jeff Koons, connu pour ses énormes fausses baudruches en dur milite surtout pour alimenter son compte en banque.

 

Travaux et aménagements

Après six mois passés à arracher des devis de réparation à plusieurs représentants de chaque corps de métier dont le mode de fonctionnement nous échappe encore (« pourtant celui-là il avait l’air bien, pourquoi il répond pas ? Ah non Monsieur Paul a été appelé en urgence sur un chantier à Brest, Marseille, Budapest – rayez la mention inutile. Je peux prendre un message ? Il vous rappellera dès que possible. »). On envoie le dossier à l’assurance qui se retourne vers la partie adverse qui met curieusement un certain temps à se manifester. « Ah ben puisque c’est ça on va les attaquer » menace, tout colère, l’assureur militant au bout d’une dizaine de relances.

 

Dans la salle de bains du premier, après l’épisode de la poutre anémiée, toutes les réserves sont levées moyennant rallonge, les travaux reprennent, la poutre est repoutrée, la chape rechapée, et le tuyau fuyeur éradiqué sans ménagement, on est donc prêt à commencer, mais pas tout de suite parce vous comprenez, il faut que ça sèche, si je posais le carrelage sur du ciment frais vous me diriez « Vous êtes pas sérieux Monsieur Perez ». Malgré quelques années passées à fréquenter les différents corps de métiers du bâtiment, nous n’avons pas la prétention de nous dire experts en la matière. Il nous semble cependant que le délai de trois mois passé à sécher aurait pu  être écourté. Mais l’entreprise disparait soudainement. « Ah non, Monsieur Perez a été appelé en urgence sur un chantier à Brest, Marseille, Budapest – rayez la mention inutile. Je peux prendre un message ? Il vous rappellera dès que possible. »). Le terme « urgence » étant fortement appuyé, on s’incline en imaginant la situation de précarité qu’ont dû endurer les pauvres gens en vraie situation d’urgence. On s’inquiète juste à l’idée qu’à son retour, Monsieur Perez nous reproche « Ah ben Monsieur Hanriot, il est trop sec là, votre béton, il faut que je reprenne tout ça pour l’humidifier, sinon comment je peux travailler ? ».

 

On sait que la nature a horreur du vide, l’entrepreneur en bâtiment aussi. Bien que présent sur un chantier lointain, c’est bien dans la chambre de l’enfant numéro 1, encore grenobloise qu’il entrepose pendant un bon mois un matériel dont la seule fonction semble être d’occuper le terrain en le rendant parfaitement inaccessible à toute entreprise concurrente.

 

La salle de bain, « presque » terminée,  nous reste un montage électrique assez innovant à l’observation duquel nos connaissances techniques nous laissent penser que le plafonnier et la veilleuse du lavabo ont été rebranchés en série. En tout cas, quand on éteint l’un, il éteint l’autre et quand on allume l’autre, la puissance du premier diminue d’autant.

Alors que les corps de métier défilent encore pour diverses finitions, on leur fait la démo de la veilleuse qui bouffe l’énergie du plafonnier sans qu’aucun ne semble s’en offusquer. Le plombier décline, le maçon refuse, le carreleur refile le truc au peintre qui doit passer après. Le peintre, dernier de la liste, ne peut que brocarder le carreleur « ah ben il est gonflé, lui, je suis pas électricien. On va vous envoyer Monsieur Perez ».

Monsieur Perez contemple l’œuvre d’un œil professionnel mais (osons l’affirmer) peu inspiré.

Après plusieurs essais qui l’amènent à constater le phénomène qui ne le choque pas plus que le reste de son équipe, il sort ce verdict. « Ben oui, mais comment je fais, moi, j’ai qu’une phase ». Ce qui prouve qu’il n’est pas tout à fait comme la lune qui, elle, en a plusieurs.

 

Il re-disparaît assez vite, sans doute toujours pour chercher une phase sur un chantier urgent.

On est sans nouvelle depuis plusieurs mois malgré une ardoise de près du tiers de travaux, ce qui nous met la phase à plutôt cher…

 


 

 

 

Travaux, aménagements, projets

Trouver une phase et finir l’autre salle de bains.

Aller à Lisbonne, d’ailleurs les billets sont pris. Ben oui, mais on fait comment pour l’Irlande ?

 

Vaste monde cruel

Le Dakar démarre « sous une chaleur écrasante », à tel point qu’un des organisateurs décide que la spéciale pour les motos est écourtée (pour les nuls, nous n’avons-nous-mêmes aucune idée de ce que peut être une « spéciale », et en plus…). On entend un candidat protester que si c’est pour faire une course de chochottes, c’était pas la peine de venir de si loin. La compétition reprend un peu de virilité le lendemain quand on apprend qu’un motard décède, d’hyperthermie.

 

Carnet mondain, fin

7, 8 et 9 janvier. Décès de Ahmed Merabet, Bernard Maris, Cabu, Charb, Elsa Caya, Franck Brinsolaro, Frédéric Boisseau, Honoré, Michel Renaud, Mustapha Ourrad, Tignous et Wolinski, Clarissa Jean-Philippe puis François-Michel Saada, Philippe Braham, Yoav Hattab et Yohan Cohen.

Impossible de ne pas les citer tous, difficile de ne pas pleurer plus ceux dont les dessins et les mots nous ont inspirés, de ne pas se dire que sont maintenant nulles nos chances d’obtenir un autographe de Cabu et que Willem a eu de la chance d’arriver en retard de l’Ile de Groix où il rentrera voir sa croix.

 

Une fin de semaine éprouvante se termine le dimanche soir (comme n’importe quelle semaine) après une journée fatigante mais qu’on espérait apaisante. C’est en regardant un nouvel hommage télévisé qu’on s’effondre (encore) en sanglots de rage « Mais c’est horrible comment peut-on tuer Cabu ? ». « Et en plus ce poulet rôti qui ne veut pas cuire ». Qu’on se rassure, ça s’arrangera, pour le poulet. (En fait pour lui, pas vraiment).

La semaine suivante, en se procurant le tant attendu nouveau numéro de Charlie et son dessin de couverture dont rien ne prouve qu’il soit une caricature, en entendant les réactions d’indignation des uns, en découvrant les graffitis des autres, on comprend bien que la connerie n’a pas vraiment reculé.

 

On ne se prive pas de rire en pensant que ces gens qui représentaient la lie de la société, celle qui ne respecte rien, celle qui dégoûte le bourgeois mais heureusement est interdite de publication tous les quatre matins se retrouvent promus ( ? ) héros nationaux et citoyens d'honneur de la ville de Paris, avec minute de silence et drapeaux en berne, n’évitant ni le glas de Notre-Dame ni une messe à la cathédrale d'Angers. N’oublions pas la page d'accueil de l'intranet d’Orange. Ajoutons enfin le nouveau président obligé ( ? ) de recevoir son regrettable prédécesseur (qui s’imagine plus que jamais en successeur), peut-être pour évoquer le bon vieux temps où la couverture du journal représentait le vainqueur passant la tête du vaincu au hachoir à viande.

On imagine le dialogue « J’avais trouvé ça très fin, très spirituel, pas vous ? Si, si bien sûr ! Quel talent, ce Luz ! Quelle perte pour la liberté d’expression ! Ah, il s’en sorti, vous dites ? Eh bien, tant mieux…».

 

Le 21 janvier, le numéro de Charlie-Hebdo ne sort pas, c’était bien la peine de faire les malins pour celui du 14.

 

A Cavanna, merci pour tout.

Aux autres, qui l’ont suivi trop tôt.

 

 

 

 

Parent numéro 1 : Hélène. Bisous et bonne santé.

 

 

Parent numéro 2 : Didier. Bisous et bonne année.