Quelques jours à peine après qu’on ait découvert que sa maladie de Parkinson en cachait une autre, Michel s'endort au bloc opératoire et ne se réveille pas le jour de la Saint-Michel.

Ces lignes dont on pensera qu'il les aurait aimées lui sont dédiées.

Salut Papa.

 

Et aussi à René, avec qui il faisait bon déguster un de ces vieux whiskies qui scellent les amitiés viriles pendant que les femmes sirotent une coupe de champagne.

 

Mais parce que, bien sûr et heureusement, la vie continue, elles sont aussi dédiées à Héloïse qui a rejoint la famille cette année.

 

Chattes numéros 1 et 2

L’âge venant, semblent de plus en plus accros aux câlins qui grattent et donc à la destruction systématique de la collection de pulls des membres de la famille.

 

Chat numéro x

Drôle d’endroit pour une rencontre. Au Quick de Chalon sur Saône (celui du centre commercial où on vient se restaurer après une longue route), l’œil est attiré par les plantureux contours drapés de léopard d’une cliente voisine. C’est bien elle, comme au premier jour accompagnée de sa mère (même modèle à une génération près) : Corinne, mère adoptive d’un des fils de Vanille. A l’entendre, grâce aux chats (donc grâce à nous) sa vie a changé et n’est maintenant que bonheur et croquettes. On en oublie de lui demander le nom de l’heureux pensionnaire qu’on imagine en patriarche intraitable régnant sur une cour de matous qui aiment la bonne cuisine et font leur gros ron-ron sur un bel édredon don don.

 

 

Enfant numéro 1

Obtient sa licence. Se trouve en liste d’attente en master de droit de la santé à Paris V, quand, ayant aussi fait acte de candidature à la Sorbonne, elle reçoit de la Sorbonne une lettre lui indiquant qu’elle est admise à la Sorbonne pour faire un master de droit social à la Sorbonne. On pourra noter que le mot « Sorbonne » figure souvent (voire exagérément souvent) dans ce paragraphe. Il ne s’agit de la manifestation externe de la fierté de parents pas peu contents que leur fifille à eux soit admise à la Sorbonne. Quant à ceux qui y pourraient y voir une marque déplacée d’élitisme ou de suffisance, répondons-leur sans haine mais avec fermeté « Sorbonne, Sorbonne, Sorbonne ».

De toutes les notes brillantes nécessaires à cette admission, celle d'anglais prouve que les vacances passées dans la douce chaleur alors nicotinée des pubs, bien à l’abri du délicat crachin local à assimiler les nuances subtiles entre « a guinness », « a glass of guinness » et « a pint of guinness » qu’il s’agissait de hurler au barman plus fort que la bande de pochtrons beuglant « Whisky in the jar » pour ravitailler les parents avachis au fond d’un canapé défraîchi lui a procuré outre le plaisir immédiat de cultiver la langue d’Oscar Wilde et de Rory Gallagher (tandis que ses camarades de classe cultivaient un cancer de la peau en bronzant stupidement sous le soleil des Maldives ou des Seychelles) les atouts nécessaires à entamer une véritable carrière de juriste.

 

Se remet au ski après plusieurs années de surf et donne des nouvelles depuis son lieu de villégiature sous forme d’une vidéo la montrant s’enfoncer inexorablement dans la poudreuse.

Pas de nouvelle de la danse orientale.

 

Enfant numéro 2

On ne sait quelle brillante carrière sera la sienne, quelque part entre la recherche médicale pour laquelle il arrache au rattrapage le passage en année de licence et la politique. Après avoir mis un certain temps à comprendre que dans « étudiant » il y a « étudier », il est prompt à découvrir qu'il y a surtout « vie estudiantine » et se retrouve élu trésorier d'une association puis Grand Chambellan de la faluche, ce qui  le propulse au rang sans doute fort convoité de « numéro 2 de l'Ile-de-France», juste derrière le Grand Maître. Mais comme il le dit lui-même de l'attribut auquel l'autorise son rang « ce n'est qu'une croix cousue sur un chapeau »   (Imagine-t-on de Gaulle lancer avec autant de modestie« ce ne sont que deux étoiles cousues sur un képi ? » ; d'ailleurs, si ça se trouve c'est même pas lui qui les a cousues)

 

Continue le ski et ne donne des nouvelles que pour informer qu’il en a perdu un dans la poudreuse et qu’afin de lui éviter les pires ennuis, il serait de bon ton que les parents remboursent le loueur (à n’en pas douter un antipathique escroc de la pire espèce).

 

Dort le jour et sort la nuit. Donne généralement des preuves de vie à son retour, à 6 heures du matin.

 

 

Boulot numéro 1

A l'école communale, quand on fait étudier la Fontaine aux enfants et qu’on leur demande de trouver eux‑mêmes (version participative) le meilleur équivalent contemporain de « Vous chantiez, j'en suis fort aise, eh bien, dansez maintenant » il arrive que la réponse la plus pertinente et la plus spontanée soit « Vazy, casse-toi ».

 

 

Boulot numéro 2 :

« Comme je te l'ai déjà expliqué dans un mail précédent, la participation que tu réclames à MON équipe n'est pas compatible avec le planning que J’AI établi. Bien évidemment, tout est question de priorité et si cette réponse ne te satisfait pas, je t'invite à escalader auprès de nos hiérarchies respectives. »

On reconnaîtra (outre un mail à peine arrangé) l'art et la manière universellement reconnus dans l’entreprise moderne de signifier « Vazy, casse-toi » (avec option, « J'parie qu't'es même pas cap de cafter, spèce de dégonflé).

 

 

Voyage…

Jamais las des splendeurs d’Irlande, mais rêvant de latitudes plus méridionales, départ en Cornouailles. On y loue de délicieux cottages où, quoi qu’aiment à prétendre quelques indigènes indépendantistes, le goût appuyé pour un mobilier victorien revisité Ikea, un étalage de napperons aussi ajourés qu’inutiles et une collection de poupées lourdement costumées dont l’oppressante présence dans une chambre minuscule est génératrice de cauchemars, ne laissent pas le moindre doute sur l’appartenance du comté à la perfide Albion. On s’y livre à la dégustation du « cream tea » en contemplant la baie de St Ives (avec un I, c’est vrai qu’ils sont perfides), à celle du « pasty » qu’il convient de protéger en permanence contre un toujours redoutable piqué de mouettes (et on comprend pourquoi Daphné du Maurier, autochtone notoire y a écrit « Les oiseaux »).

On note bien aussi qu’on est en Angleterre quand en demandant « A glass of Guinnes » on s’entend répondre « Pint or half ?», question qui discréditerait à jamais n'importe quel barman irlandais aux yeux du moins exigeant de ses clients. Mais évitons les vagues… on n’est jamais très sûr qu’il soit de bon ton de consommer irlandais au pays de Cromwell et de Margaret Thatcher.

 

Là-bas, dans les parkings omniprésents, privés -quoi que publics- et payants, un système de « clamping » (qui n’est autre que le bon vieux sabot de Denver dont la quasi-disparition semble n’avoir causé que peu d’émotion dans notre douce France) déclenche des débats passionnés qu’on peut suivre à la télé en s’amusant d’entendre s’opposer les propriétaires sûrs de leur bon droit et les usagers qui parlent de rackett systématique. Après qu’on l’ait testé (et, qu’on ait, face au petit suppôt du patronat à la solde du grand capital international venu relever les compteurs, réprimé le regret naissant d’avoir par conviction choisi option « love and peace » au moment où d’autres prenaient karaté ou kick-boxing) il incite efficacement à ne pas réitérer l’aventure d’économiser quelques pennys en oubliant d'alimenter le parcmètre et même à abandonner précipitamment la contemplation de la baie et accélérer le pas -quitte à avaler son « cream tea » de travers- pour récupérer son véhicule à l’heure.

 

Pour les nuls, le penny, maintenant qu’il n’est plus la 12ème partie de la 20ème partie de la Livre n’en est   que la 100ème, valeur plus simple à nos esprits français si cartésiens mais pas pour le grand breton moyen dont le vrai regret serait plutôt  de ne plus pouvoir compter en guinées. Pour les plus nuls que nuls, la livre est une monnaie datant sensiblement de la même époque que le franc mais que l’Albion, toujours perfide a tenu à maintenir en activité pour une valeur assez fluctuante qui se trouvait à l’époque des faits cotée au cours officiel de 1,2 EUR et présentait l’amusante particularité d’être vendue par les banques au prix de 1,28 EUR (plus les frais) et rachetée 1,1 EUR (moins les frais).

 

 

…et festivités

Utilisation du test de dépistage dit hémo-cult que nous avons déjà eu l'occasion de mentionner. Pour être honnêtes, ne cachons pas que la mise en pratique d'un mode d'emploi particulièrement fun peut être légèrement assombrie par la crainte d'un résultat positif, ce qui ne sera pas le cas.

 

 

Vaste monde trop marrant

La France se dote enfin d’une équipe de foot-ball où l’on retrouve toutes les qualités de celui qu’elle a déjà mis à la tête de la République : grandeur d’âme, don de soi, oubli des égos, élégance du propos dans le fond comme dans la forme, solidarité et transparence engendrant logiquement une évidente réussite sur le terrain. Tous ceux qui craignaient que cette coupe du monde ne soit qu’un interminable pensum sont très vite soulagés de voir que, même l’en l’absence de son meilleur coup-de-bouleur,  l’équipe de France ne donne jamais dans la platitude. Le style est différent, l'éclat de rire final -un peu trop invraisemblable- de l'édition précédente est remplacé par une succession de petits rebondissements comiques qu'on n’a pas besoin de suivre par le menu. On se surprend donc à s'intéresser, du début à la fin et  le sourire aux lèvres, à cette lente dégringolade vers une issue gravée dans le marbre dès le premier jour.

 

On verra qu’on a bien fait de rire de l’actualité de juin tant celle d’août s’avèrera funeste.

 

 

Petit monde trop minable

Ne prétendons pas être de ceux qui ayant garé leur véhicule en un lieu inconnu ne sont jamais retournés fermer leur portière à double-tour à la vue d’un rassemblement inhabituel de caravanes stationnant à faible distance, ni-même de ceux qui après s’être péniblement débarrassés d’un essaim de diseuses de bonne aventure trop insistantes n’ont jamais vérifié si leur portefeuille était toujours dans leur poche. Affirmons seulement être de ceux qui préfèrent ne pas faire de ces a priori un mode de pensée et font appel à ce qu’ils ont en eux d’humanité et d’intelligence pour voir une robe un peu longue, une moustache un  peu fine sans hurler ni « sale voleur » ni « rentre chez toi ».

Nos gouvernants ont suivi la démarche inverse et choisi de mettre en scène leurs hurlements en inventant la nationalité française à plusieurs vitesses et l’expulsion à la tête du rom. Bon ?  Quitte à vivre dans un pays qui institue la discrimination ethnique et le délit de faciès comme lois, on aurait préféré que la République applique ces nouvelles mesures d’accompagnement en priorité à un de ses plus fameux voyous, adepte du « Vazy, casse-toi » dans une variante personnelle assez créative qui n'emprunte ni à la Fontaine ni aux conventions policées de l'entreprise (pour le renvoyer en Hongrie d’où il est dit-on originaire même si jusque-là nous ne nous en soucions guère), à un de ses beaufs couperosés et rubiconds qu’elle a  précédemment condamné pour injure raciale, (pour le renvoyer au Liban, où sa mère est, paraît-il née, même si jusques alors, peu nous importait) et à un de ses plus infects retourneurs de veste qu’un chroniqueur matinal faisant ce jour-là preuve d’une indulgence coupable avait comparé à la gentille fouine (pour l’expédier directement au pays des faux-c… qu’on créerait volontiers pour lui dans le lieu de son choix sous seule condition qu’il soit quelque part au milieu du désert de Gobi ou de la Sibérie orientale et où il pourra toujours débattre de l’identité nationale).

 

Ce rêve d’un monde meilleur, où -pour parodier un autre truand célèbre -  on expulserait les expulseurs est dédié à ceux qui savent bien que dans « les bijoux de la Castafiore » c’est la pie, la voleuse.

 


 

Musique et autres distractions

Crosby Stills and Nash à l’Olympia. jouent la sécurité avec leurs morceaux des années 70. A groupe des seventies, public des seventies. Il paraît que Véronique Sanson est dans la salle.

 

Eddy Mitchell à l’Olympia joue moitié rock’n’roll, moitié big band tendance « thé dansant ». Christopher Stills passe en première partie. On devine qui est dans la salle.

 

Dylan une fois encore évite Paris. On a sa dignité, on n’ira pas le chercher une deuxième fois en province. Mais, c’est dur.

 

 

Travaux et aménagements.

On s’amusait déjà (ou plutôt encore) fin 2009, d’être en attente depuis lurette d’un peu d’avancement sur les travaux enfin décidés de la maison.

L’année a permis quelques évolutions notables : comme un permis de construire au fond d’un tiroir, (et sa version affichage réglementaire dont trois mois d’exposition ininterrompue en façade sans l’apparition de la plus minable  brouette commence à provoquer les ricanements jaloux du voisinage) et une superbe image en 3D du projet utilisée un temps comme fond d’écran avant que la lassitude ne soit la plus forte.

 

 

 

 

 

Travaux, aménagements, projets :

Où l'on parle de descendre au sud de l'Angleterre, voire au sud de la France.

Contact rétabli avec notre architecte de proximité et néanmoins ami qui nous promet nouvel étage et merveilles.

On l'aura deviné : reboucher le trou dans la cour fait toujours partie du projet.

 

 

Marketing

Partant du constat que notre lectorat est maintenant composé pour bonne partie de petits vieux ronchons, dont la fidélité reste intacte mais la vue déclinante, nous décidons d'adapter le produit à la demande et de sortir en version senior cette publication dont le format et la police étaient restés inchangés depuis quelques années.

Ah ils ont fière allure ces amis de trente ans dont la jeunesse et le regard insolemment vierge de toute prothèse avait tant nargué alors nos yeux déjà cerclés de métal !

 

 

Enfant numéro 2

Ses hautes fonctions faluchardes, lui permettent de présenter le Grand Maître à la famille.

Les plus traditionalistes, s’offusqueront peut-être d’apprendre qu’une telle responsabilité puisse être confiée à une femme  car, il ne sert à rien de cacher la vérité : au 1er janvier 2011, le Grand Maître est donc une Grande Maîtresse.

 

Parent numéro 1 : Hélène. Bisous et bonne santé.

 

Parent numéro 2 : Didier. Bisous et bonne année.