Chatte
numéro 3
Commençons
pour la première et dernière fois par celle dont la santé insolente avait su
nous impressionner. Sans doute victime d’un chauffard de sentier, transportée
d’urgence dans une clinique réputée de Levallois, elle mène un courageux mais
bref (quoi que déjà lucratif pour le corps vétérinaire) dernier combat. Elle s’éteint
sans devenir ni un miracle de la science ni un chat de luxe, statut auquel le
devis prévisionnel présenté et accepté pour l’opération de la dernière chance
finalement ajournée sine die l’aurait fait accéder de plein droit.
Chattes
numéros 1 et 2
Continuent
leur vie routinière et vaccinée, et se livrent plus pour la forme que par
conviction à quelques escarmouches de voisinage avec un jeune blanc-bec nouvellement
arrivé.
Enfant
numéro 1
Reprend cette fois pendant trois mois son emploi de chargée de mise en
place à l’Intermarché de Malakoff. Obtient à la fin du premier mois le privilège
de passer des surgelés qui gercent les mains aux produits d’entretien qui les javellisent.
Continue ses études de droit et passe en année de licence, de plus en
plus intéressée par le droit social (C’est la lutte finale).
Se détend de la L3 (pour les nuls : 3ème année de
licence) en suivant des cours de danse orientale. Improvise une démonstration
familiale affublée d'un vaste poncho passé sur un ample boubou. Le dépaysement
est au rendez-vous, mais on est un peu en manque des charmes de l’Orient et
réduit à imaginer les fameux mouvements du bassin qui sont un des charmes de la
discipline.
Enfant numéro 2
Fête ses vingt ans le
jour même où un quotidien fait sa une avec la photo d’un double redoublant en
droit pérorant «moi mon papa il est président », et si la citation
est peut-être apocryphe, celle du papa qui s’interroge, le même jour « quel
meilleur critère que celui du savoir et de la compétence pour décider ceux qui
doivent exercer des responsabilités ?» est attestée par une vidéo.
Pas plus que l’autre ne
prendra la tête de la Défense, il n’accèdera au titre pourtant longtemps convoité
de P2. Et s’il est permis de penser que l’autre sera bientôt consolé par
un jouet plus beau encore, lui se trouve une compensation salvatrice et
immédiate en deuxième année de « sciences de la vie », discipline ou
la liste d’attente est bien moins longue quand il s’agit de devenir faluchard. Pour
les nuls, la faluche, quand elle n’est pas un pain des Flandres, est un
couvre-chef étudiant, mais c’est surtout un état d’esprit « Un faluchard est
en général un bon vivant qui aime les plaisirs de la vie sans ce soucié du
regard des autres » peut-on lire sur le web ! "Ni de leur
grammaire", ajouterons-nous. Le titre ne s’obtient qu’après un baptême
dont il est interdit de dévoiler le déroulement. Les parents intrigués
imaginent une cérémonie initiatrice participant à la fois
du stage commando, de la messe noire et de l’animation Ricard en club de
vacances. Présomptions que rien dans la vue du produit fini (une espèce de
béret -la faluche, donc- couvert de rubans multicolores cousus dans le strict
respect de règles cabalistiques et d’insignes épinglés allant de l’étoile d’or
au squelette renversé en passant par quelques illustrations légères dont la
description détaillée n’intéresserait personne) ne viendra contredire.
Enfants
numéros 1 et 2
Sortent
enfin d’un long purgatoire pour accéder à un forfait téléphonique non bloqué. Les
parents indignes ont attendu de ne plus entendre pendant quelques années la
célèbre complainte tombant comme un couperet trois jours après la date du renouvellement
"j'ai pas pu vous appeler parce que j'avais plus de crédit". Le
problème n'est que partiellement résolu car ils continuent à passer le plus
clair de leur existence dans des endroits où le réseau ne passe pas et où les
batteries se déchargent mystérieusement dès qu'il s'agit de joindre ou d'être
joint par la cellule familiale.
Boulot
numéro 1
Le
blog organisé par une collègue autour d'une classe d'équitation dans le but de
donner des nouvelles aux parents stressés à l'idée de voir leur chère tête
blonde tomber d'un demi-poney lancé à pleine demi‑vitesse, sert de
défouloir à tout le corps enseignant de l'école.
Une
visite au Louvre savamment préparée déclenche l'enthousiasme des parents et des
enfants mais pas celui de l'inspectrice qui juge l'endroit trop ringard (et
puis tous ces corps nus, est-ce un exemple ?).
Fermeture
de classe programmée pour la prochaine rentrée, la routine quoi.
Boulot numéro 2 :
« Voici un des points sur
lesquels il est nécessaire que nous grandissions car je ne comprends plus le
fonctionnement
Je demande à Dugenou de passer un
projet métier « Business » en structure de gouvernance avec l’optique
de pouvoir construire effectivement un road map ensemble et de savoir afficher
au marketing des engagements ; ce qui va bien dans le sens de
l’intégration. »
On
comprend que chez certains esprits fragiles et peu sensibles à l'humour au 2ème
degré, la réception périodique de ce genre de message (on est à France Télécom et
à part le nom de responsable du projet métier, tout est authentique) puisse
déclencher un état de dépression. Abstenons-nous cependant de franchir le pas
qui établirait une corrélation trop facile avec le taux de suicide un peu élevé
dont une certaine presse a fait ses choux gras.
Voyages et
festivités
On trouve toujours
quelqu'un qui a vingt ans (même plusieurs fois) pour retourner quai la
Tournelle. En l'occurrence, le champagne conseillé par le barman est celui que
boit James Bond. Excellent mais l'argument commercial est il à la hauteur de la
réputation de l'endroit ?
Les vacances sans enfants
permettent un retour aux sources.
Un peu pris de cours
à Pâques on décide en catastrophe d'élire villégiature pour une semaine à
Killarney capitale du county Kerry, d'où l'on peut rayonner de Chnim
(prononciation autochtone) au gap of Dunloe, et se faire peur en s'imaginant
perdu dans le brouillard au sommet du Balalalaïka Pass (orthographe de
mémoire).
Re-conquis par le pays du Bushmill's et de la
Guinnes, des ballades et des balades, on y retourne en été en commençant par la
chaussée des géants, au nord du nord qu'on n'avait pas réussi à atteindre en cinq
précédents voyages. On tourne dans le sud, miles et kilomètres. On termine par
Belfast catholiques et protestants, lourds vestiges d'un passé pas si lointain :
barbelés, no man's land et barbelés.
Irlande à pâques, août en Irlande
Vaste monde cruel
Morceaux choisis
de l'année passée, parfois irlando-centriques et parfois pas
Après un débat discutable, assez long et stérile, c’est grâce au sport
et encore à l’Irlande qu’on peut enfin apporter une réponse à la question de
l’identité nationale : le bon patriote est celui qui pense qu’un individu
aux origines et à la couleur douteuses peut accéder au rang de vrai Français
s’il met la main pour niquer les rosbeefs pendant qu’un teuton ne regarde pas. A
ceux tentés de rétorquer qu’un Irlandais n’est pas à proprement parler un « rosbeef »,
répondons que l’identité nationale c’est aussi ne pas s’embarrasser de détails
inutiles sur les étrangers.
23
sept 2009 : 18 % des français font confiance à leur président pour assainir le
capitalisme. Ce sont sans doute les mêmes qui croient que le chasseur respecte
le lapin, que Hortefeux ne plaisante que sur les Auvergnats, que Besson est
honnête, et que Tapie a été de gauche…
Flash-back irlandais:
"Les résultats sont définitifs. Les
Irlandais ont nettement rejeté le traité européen de Lisbonne, avec 53,4% de
non contre 46,6% de oui." Le Monde 13 juin 2008.
Le nouveau président (de la commission européenne) avait alors suggéré
que puisque c'est pas bon, ben on n'a qu'à recommencer.
"Ils (les Irlandais) viennent désormais de se
raviser et de l'approuver (le traité de Lisbonne) à une écrasante
majorité : 67,13 % de oui, 32,87 % de non". Le Monde 3 octobre 2009.
Il est donc prouvé qu'il a été mis au point par les spsgci (pour les
nuls : les suppôts du patronat à la solde du grand capital
international) un système basé sur le
fait que tout paramètre qui prend une valeur qui ne leur est pas favorable peut
être rejoué à l'infini alors que tout paramètre qui tombe dans un état souhaité
est gravé dans le marbre. L'ensemble converge donc nécessairement vers un point
d'équilibre final d'où il sera difficile de sortir.
Musique et autres
distractions
Cohen à Bercy, avec la même lenteur
attendrissante répond aux applaudissements qui acclament les trois notes qu'il
joue au piano par un "thank you, you are very kind", comme l'année
dernière, sans doute comme la veille et comme sur le disque. Il émaille les
paroles d'un de ses chansons d'un "here in Paris", comme l'année
dernière mais pas comme sur le disque enregistré à Londres.
Dylan dont rien ne prouve qu'il sait qu'il est
à Paris, toujours pressé d'être ailleurs ("I'm not there"), fait
tout son spectacle au piano, sauf le troisième morceau qu'il joue à la guitare,
comme la veille, comme le lendemain. Mais ni le troisième morceau ni la plupart
des autres ne sont les mêmes que la veille ni que le lendemain.
A la télé, une émission sur la musique des
années 80 permet d'accepter l'évidence : le temps qui passe n'a pas que de
mauvais côtés.
Travaux et
aménagements.
Quelques gouttes
d'eau à la cave alertent la maisonnée de l'urgence de faire appel à plusieurs
corps de métier : le plombier on s'en doute, mais aussi l'électricien, sensé
rénover un circuit mal installé et copieusement arrosé.
Les deux viennent en
urgence, le premier pour se déclarer incompétent à trouver la fuite après avoir
produit quelques quintaux de gravas issus du mur et du sous-sol, et le deuxième
pour se déclarer immédiatement surchargé et promettre un rendez-vous qu'il
n'honorera jamais.
C'est finalement un spécialiste de la recherche
de fuite qui, pour 14,40 EUR de fluorescéine - C20H10Na2O5, (ce qui n'est pas cher pour deux molécules de
phenols liées à un cycle furanique lui
même relié a un acide benzoique) et des charges moins anecdotiques en "équipe
spécialisée comprenant chef, aide, compagnon supplémentaire, technicien sur
place et au bureau et amortissement de camionnette" extirpera deux sacs de
gravois (c'est comme les gravas mais plus chic) de la cour pour procéder au
raccord de tuyaux salvateur (mais encore provisoire). La prestation ne comprend
pas le rebouchage du trou dans la cour, mais fort heureusement la pose de deux
planches qui évitent de tomber dedans.
Quant aux travaux électriques, c'est une autre
entreprise commando qui viendra les effectuer en 36 heures, montre en main
à compter de l'appel téléphonique, en profitant au passage pour installer un
tableau complet à la norme C-15 (parce que vous comprenez je peux pas faire des
travaux sur un vieux tableau comme vous avez, ce serait pas professionnel) et raccorder
gracieusement la lumière du meuble de salle de bain (remplissant ainsi un des
objectifs phares de l'année).
Le projet
surélévation maison faisant son chemin, l’architecte de proximité et néanmoins
ami est contacté-invité à boire un verre et à faire part de ses idées d’extension
verticale et horizontale qui intègrent savoir‑faire artistique et
contraintes techniques dont la compréhension des règles de calcul du COS à
Malakoff n'est pas la moindre. Le projet né au mois de novembre sous d'excellents
auspices a, jusqu’à la fin de l’année affiché les mêmes bonnes intentions et la
même efficacité que le sommet de Copenhague.
Par souci d'économie nous changeons nous même le siège des toilettes.
Pendant que la cour se détériore, le jardin renaît une fois de plus. Le
jardinier un peu cadré accepte de troquer ses citrouilles pour des fleurs
(c'est plus présentable) mais insiste pour placer quelques tomates qu'on
arrivera même à manger avec une certaine émotion.
La récupération semi-fortuite d’une Alfa Romeo
Sprint (mise en circulation en octobre 1986) permet d'acquérir certains
automatismes dans le rechargement de batterie, le port du gilet jaune et le changement
de roue.
L’aventure aura un sommet en quatre temps (dont le
lecteur moins au fait que nous des
choses de la mécanique pourra juger la compréhension difficile) : le véhicule
refuse de re-démarrer, boîte bloquée en pleine rue ; il est remorqué par une
dépanneuse diligentée par l'assurance et déposé sur un lieu de stationnement
généralement autorisé.
Il se trouve que, pour permettre d'indispensables
travaux de voirie, l'endroit, sous le coup d'un arrêté municipal dûment affiché
est bien vite nettoyé par la fourrière, (le jour même où le chat numéro 3 est
renversé).
Au bout de deux semaines, la Sprint récupérée est
finalement livrée au garagiste rentré de congés, qui la contemple d'un œil
incrédule pendant trois bonnes autres semaines.
La solution arrive via internet par le CARB (Club
Alfa Romeo Boxer - qu'il soit remercié collectivement) et un de ses plus
dévoués représentants : Xavier, dit "l’anguille" (qu'il soit
remercié personnellement) qui envoie par mail un fichier d'une bonne centaine de
pages remplies de jolis dessins dans lesquels on reconnaît tous ces machins
qu'on trouve quand on soulève le capot d'une voiture et que nous imprimons et
amenons au garagiste (ah ! ça y est vous avez reçu le fax).
Le dénouement prend la forme d'une opération, plus
que banale au dire des spécialistes de la boîte boxer, si elle n'était pilotée
au téléphone par l'anguille depuis la Rochelle et exécutée de main de maître
par le mécanicien malakoffiot suant à grosses gouttes, conscient de vivre un de
ces moments de bravoure qu'on imagine (nous n'y étions pas) sortis tout droit
d'un des meilleurs épisodes de « Mission impossible » rehaussé d’un
zeste d’ « Urgences » : l'extirpation du coupable (un vulgaire
ressort de verrouillage coincé dans la boîte qu’il suffira de remplacer).
Pour les nuls, quand le boxer n'est pas une chanson de Simon et
Garfunkel dont la dramaturgie est soulignée de façon assez emphatique par
l’utilisation répétée d’un jeu de cymbales très appuyé, ni un type accoutré
d'un peignoir brillant orné d’un animal féroce et d'un short assorti (dont on
se raillerait certainement plus volontiers s'il n'était en outre généralement
tatoué et assez baraqué), payé parfois royalement parfois misérablement pour se
faire casser le nez ou éclater le foie par un collègue de travail, ni un véhicule
utilitaire de chez Peugeot., c'est une famille d’automobiles de marque Alfa Romeo
bâtis sur une même souche moteur boîte (et autres machins qu’on trouve quand on
soulève le capot d’une voiture, voire quand on se couche en-dessous, si, si ça
existe). La Sprint appartient bien évidemment à cette famille qui a encore ses
inconditionnels. Et nous refermerons ici la parenthèse technique pour ne pas lasser
le lecteur.
Vaste monde cruel
Souffrant d'un déficit de communication, le Dakar fait peu parler de lui, cela ne l'empêche pas en
moins d'une semaine d'atteindre le score respectable de un mort partout (égalité parfaite visiteurs/locaux).
Travaux,
aménagements, projets : L'Islande
pour changer de l'Irlande ?
On
l'aura deviné : reboucher le trou dans la cour.
L'état incite ses seniors à quelques
précautions élémentaires. Réception d'un kit de dépistage du cancer du colon
dont le mode d'emploi ne sera pas détaillé ici mais dont on peut dévoiler qu'il
est basé sur trois productions consécutives qu'il convient d'envoyer à un laboratoire.
Enfin,
se sentant peut-être menacé par l’imminente parution de cette gazette annuelle
fort lue par le tout‑Malkoff, notre architecte de proximité et néanmoins
ami re-surgit de la maison voisine pour prendre rendez-vous et des mesures.
Afin
que nul ne soit déçu, précisons que nous sommes sans doute moins lus par les
participants au sommet de Copenhague.
Parent
numéro 1 : Hélène. Bisous et bonne
santé.
Parent
numéro 2 : Didier. Bisous et bonne
année.