Vaste monde cruel
Morceaux choisis de l'année
politique 2008, parfois dans l'ordre et parfois pas
Avec des passages même pas publiés ailleurs
Une
petite erreur de gestion pas grave fait perdre 50 milliards à la Société
Générale, et bien que cela n'ait aucune importance car "A chaque crise, la
Société Générale en est ressortie plus forte", le PDG responsable de cette
phrase et de la bévue bat sa coulpe en proposant de sacrifier sur l'autel de la
grandeur du capitalisme la moitié de son salaire annuel. Qui d'entre nous
aurait le courage de dire "2 erreurs par an et je travaille pour la gloire
?".
On dit (mais on n' a aucune preuve) qu'il avait d'abord envisagé de rendre un an de salaire
puis s'est ravisé lorsque son épouse lui a rappelé qu'il lui avait promis de refaire le papier peint dans
la chambre du petit à Courchevel, et le jaccuzzi de la chambre d'amis à Ramatuelle et
qu'il s'est lui même souvenu -juste à temps- avoir pris commande la veille d'un nouveau Hummer pour
Cabourg (on sera quand même moins à l'étroit pour faire les commissions). C'est bien joli de faire
le généreux, mais si après il faut rogner sur les vacances...
Si l'on voit qu'il aurait été possible de pousser encore plus
loin le bouchon de l'abnégation, on sent aussi déjà que, contrairement aux
apparences, celui du foutage de gueule n'est pas non plus arrivé au bout de sa
course.
"Les juges du tribunal arbitral sont très
bien rémunères parce qu'ils fournissent un travail très intense pendant un
temps très court" (Madame le Ministre des Finance, 12 septembre 2008).
Cela établit un heureux équilibre avec la plupart
de gens qui sont très mal rémunères parce qu'ils fournissent un travail très
intense pendant un temps très long. (Commentaire personnel)
Ils ont pu pendant ce temps très court (de
justesse mais ils travaillent vraiment de façon très très intense) apporter
quelque réconfort à un ancien ministre ayant abjuré ses fautes et fait serment
d'allégeance à son nouveau suzerain (avec qui on peut penser qu'il a plus de points communs qu'avec tous
les précédents réunis). Emus qu'une banque en particulier et la vie en général lui aient fait
fait subir bien des préjudices, ils lui attribuent une indemnité de 240
millions d'euros pour la banque et 45 millions d'euros pour la vie en général,
(techniquement appelée "préjudice moral").
Moi, quand j'étais à la grande école (en 7ème B) y'a
un méchant de ma classe qui m'a dit que j'avais de grosses joues. C'est très préjudiciable.
Quelqu'un veut jouer au tribunal arbitral avec moi ?
Le traité européen que les Français consultés
avaient jeté par la fenêtre du référendum rentre tout naturellement par la
porte.
Dans la verte Erin, un autre peuple tente une
autre expulsion par la fenêtre.
Le Landerneau des partisans du oui, consterné -on
se demande bien pourquoi- par le résultat se demande comment faire. Déjà le
nouveau président (de la commission européenne) suggère que puisque c'est pas bon, on n'a qu'à recommencer. Ben tiens, c'est une
bonne idée, nous on recommencerait bien les élections présidentielles en France.
Mais il semble qu'il ait été mis au point par les
spsgci (pour les nuls : les suppôts du
patronat à la solde du grand capital international) un système
basé sur le fait que tout paramètre qui prend une valeur qui ne leur est pas
favorable peut être rejoué à l'infini alors que tout paramètre qui tombe dans
un état souhaité est gravé dans le marbre. L'ensemble converge donc
nécessairement vers un point d'équilibre final d'où il sera difficile de sortir.
S'apercevant
qu'on ne peut éternellement obérer le consommateur étazunien en lui prêtant
plusieurs fois et de plus en plus cher le même argent que personne n'a plus,
l'économie mondiale se plante en un de ces cracks périodiques dont on apprend
dans les écoles qu'ils sont normaux et c'est pas grave non plus.
Même sentier
de la Sablonnière où l'on n'a pas toujours su résister aux sirènes du placement
facile on goûte à l'ivresse des profondeurs à l'idée de se coucher le soir en prononçant
d'un air blasé la même phrase que la veille "ah, tiens, on a encore perdu
1000 euros aujourd'hui".
En France, l'état est prêt à lâcher 350 milliards d'euros pour que
les banquiers arrêtent de se prendre entre eux pour des voleurs .
Et par un beau jour ensoleillé, le
cac 40 reprend en une journée plus que ce qu'il avait perdu en une semaine.
Penser que ceux qui ont acheté au
plus bas et revendent ce jour se font des … sur le dos du contribuable relève de
l'analyse bas du front, réductrice,
injuste et fausse que balaie d'un sourire condescendant tout économiste digne
de ce nom au fait des dures mais belles lois de l'économie de marché.
Et
quel réconfort alors de voir enfin revenir sur les visages éprouvés des traders
ce bon sourire carnassier qui atteste que le monde (ce jour-là en tout cas)
tourne rond.
Le
haut commissaire aux Solidarités actives contre la pauvreté annonce une
allocation de 1,5 milliards pour le RSA qui va venir en aide "aux plus
démunis".
Finalement un ancien ministre
ayant fait repentance ne compte (hors préjudice moral) que pour un petit
cinquième de 3,7 millions de plus démunis.
Une banque décide d'offrir 6 centimes à une
association caritative chaque fois qu'un client retire de l'argent à un de ses
distributeurs.
Combien faut-il de clients pour payer le préjudice
subi par un ancien ministre repenti (on négligera la partie morale du préjudice
et on répondra en giga retraits).
"Nous
n'avons pas le choix si nous voulons en finir avec les années fric de l'époque
Mitterrand" (Madame le Ministre des Finance, 29 juillet 2008).
On parlait de foutage de gueule ?
(commentaire personnel).