A Cyrus, évidemment

 

Chats numéros 8 et 9

Sans qu’on sache identifier à coup sûr le coupable, réitèrent en absence de leurs maîtres, leur manifestation d’impatience sur le plus beau (en tout cas plus cher) fauteuil du salon. Celui-ci est rapidement nettoyé et exfiltré dans une chambre de l’étage ce qui lui fait perdre un peu de son intérêt pour les longues soirées d’hiver.

Le canapé qui reste en bas bénéficie d’une couverture bull pack déployée à chaque absence excédant trois jours.

 

 

Chat numéro 8

De plus en plus glouton, lors des repas supposément partagés avec son frère, réussit souvent, en mode « pousse-toi de là que je m’y mette », à profiter d’une bonne portion et demie de Felix tendre effilé au saumon ce qui peut expliquer une silhouette de plus en plus proche du tonneau.

Inaugure son 12ème collier antipuces.

 

 

Chat numéro 9

De plus en plus craintif (capable de s’enfuir quand un de ses maîtres fait tomber une plume sur le carrelage), lors des repas supposément partagés avec son frère préfère souvent abandonner une demi-portion de Felix tendre effilé au saumon, ce qui ne semble pas le contrarier et explique une silhouette presque aussi effilée qu’un Felix tendre au saumon.

Inaugure son 12ème collier antipuces.

 

 

Enfant numéro 1

Devient propriétaire d’une maison toujours à Montreuil, en un lieu moins accessible, en tout cas du Malakoffiot de base. Les anciens propriétaires repartent en Pologne en abandonnant moult lits, armoires, canapés, machines à café, un casse-noisette en dolman rouge et shako noir que les parents récupèrent.

 

L’évènement de l’année reste une naissance prévue le 1er mai. Le couple se rend à bicyclette à la maternité qui les renvoie gentiment chez eux. Mais c’est bien le 1er mai que le travail commence et il faut se rerendre à la maternité. Cyrus arrive le 2 mai, et tout ou presque est raconté dans le libé du 10 mai.

 

Le travail stressant avec la méchante dame toxique a pris fin avant le congé maternité, et la prise d’un nouveau poste permet à la juriste la modélisation de textes juridiques (pour les nuls, c’est bien ce qu’on avait compris…) grâce à un langage de règles ad hoc (c’est ce qu’on n’avait pas encore compris).

 

Une place en crèche a été obtenue de haute lutte, mais les trajets maison-crèche-travail partagés par les deux parents exigent l’achat de deux cargos biporteurs dans lesquels l’enfant est tout à tour transporté, qu’il neige, bruine ou vente (pour les nuls, comme le définit parfaitement le Journal officiel de la République française le 8 juin 2021, le vélo cargo est un « cycle à deux ou trois roues, dont le châssis est conçu pour recevoir une caisse ou une plateforme permettant le transport de charges, voire d’enfants ». On est en plein dans les deux roues et le « voire »).

 

La rue s’appelle Juliette Dodu (sans e) et s’avère être un haut lieu de stationnement de véhicules sur les trottoirs, laissant peu de place à la poussette qu’on a du mal à pousser. (« On va le signaler » affirment les flics croisés un jour comme s’ils découvraient le phénomène).

Les Malakoffiots de base s’y rendent cependant de préférence en voiture.

 

 

Enfant numéro 2

Ayant obtenu les fonds nécessaires, et malgré l’aide d’un notaire plus surnuméraire que compétent (un notaire, c’est bien, deux c’est au moins un de trop), investit enfin l’appartement pantinois, le 2 mai aussi.

Le couple prend ses repères en vérifiant que les étagères du balcon sur lesquelles les anciens propriétaires posaient leurs pots de fleur sont aptes à supporter quelques chopes de bière, et les bancs propres à s’allonger, tandis que la susdite chope reste à portée de main.

L’appart reste à quelques encablures du canal qui semble constituer une promenade renommée où il fait bon se la couler douce au milieu des joggers, baraques à frites, estrades de musiciens, péniche-bar, voire flamme olympique de passage.

Après une virée de plongée à Marseille, ils effectuent un voyage à Bali où outre quelques séances de plongée avec ou sans bouteille en compagnie d’une raie manta, ils posent avec des singes et se renseignent pour savoir si le gros lézard vert qui a élu domicile dans la chambre présente un quelconque danger

 

Est millionnaire dans la monnaie locale, ce qui est peut-être une des raisons de la demande en mariage, effectuée sur place.

On comprend vite qu’il s’agira d’un vrai mariage avec vraie robe de mariée (c’est l’occasion ou jamais), et vrai costume sur mesure. Cela déclenche chez les deux couples de futurs parents et beaux-parents (pour les nuls, les parents de l’un sont, de fait, destinés à devenir les officiels beaux-parents de l’autre) des réactions assez différentes. Les uns comptent les bouteilles de champagne nécessaires et visitent trois salons du mariage, tandis que les autres apprécient qu’on veuille bien ne pas les solliciter et ont toute confiance dans le comptage des bouteilles de champagne.

 

 

Retraite numéro 1

Gardant un pied dans l’éducation nationale, accompagne comme prévu une ex-collègue et une tripotée de gamins excités lors d’une classe de mer qui lui permet après moult hésitation de s’initier au char à voile et de distribuer (sans aucune hésitation) des sédatifs (légaux) aux plus excités de la tripotée.

 

Améliore ses performances gymniques en faisant suivre ou précéder deux de ses cours tri-hebdomadaires en mode « senior » par deux cours en mode « même pas vieux ».

 

Continue jusqu’à l’ultime moment (début septembre) à perfectionner la planification du voyage étazunien (voir plus bas) grâce à quelques ajustements tactiques (j’te rajoute un jour là, j’t’en enlève un autre ici, j’économise vingt dollars par ci et j’en remets quinze par là pour avoir une meilleure vue sur la vallée, le canyon, la montagne, le bison, rayer les mentions inutiles).

 

Organise aussi le déplacement à Perros-Guirec d’où une croisière sera possible pour contempler enfin les macareux des sept îles et suggère au retour un léger détour pour une étape à Azay-le-Rideau (mais qu’est-ce qu’on va aller f… à Azay-le-Rideau ?).

 

Organise dans le plus grand secret, avec un petit cercle d’initiés un anniversaire surprise.

 

 

Retraite numéro 2

Alors qu’ayant reçu quelques traditionnels coups de fil à la date un peu exceptionnelle (pour les nuls, juste quatre fois plus rare que les autres) de son anniversaire, s’apprête à rentrer chez lui pour un chaleureux dîner intime avec épouse et enfants quand il tombe en arrêt devant la porte de la maison décorée d’une affiche prometteuse où l’on peut lire « Private concert DH68, 29 février 2024, 19 heures » ornée de quelques photos de Bob Dylan.

Dans la déjà plus-que-prévu nombreuse assistance, Bob Dylan n’est pas là en personne, mais est dignement représenté par un autre retraité qui a bossé son sujet et entame le difficile Just like thom thumb’s blues (titre piège jamais prononcé dans le texte de la chanson). Le cercle s’élargit petit à petit jusqu’à quelques retardataires qui croyaient qu’une date aussi exceptionnelle (enfin quatre fois plus…) serait célébrée un banal 1er mars.

Les cadeaux fusent ; on retient (mais on en oublie) un bon pour le couteau parfait (à condition de le fabriquer soi-même), un coffret dégustation de 24 whiskies, de l’Islande à l’Allemagne en passant par la Suède, la France, les plus traditionnelles Irlande et Ecosse et le désormais réputé Japon, que l’on mettra sans doute plus d’un an à savourer, de nombreux livres dont un sur l’humour vache des musiciens, une statue Arumbaya (à l’oreille cassée, bien sûr) et un t‑shirt de Siné Mensuel qui ne sera livré par le fournisseur que plus tard, en retard (bravo les anars !).

A juste le temps, grâce au matériel idoine également offert de se livrer au célèbre exercice de lâchage de pancartes synchronisé dans lequel Dylan excella au siècle dernier sur subterranean homesick blues (mais comment faisait-il pour les attraper sans se mouiller les doigts ?).

 

Pour Cyrus, fait appel aux bonnes volontés de la famille afin de fabriquer un album de sept CDs dans lequel chacun aura mis un peu de la musique qu’il écoute. Le tout, baptisé Cyrus, des airs de famille, tiré en exemplaire unique est livré avec un livret dans lequel les textes justificatifs (autant qu’on puisse justifier un choix musical) sont rédigés par les contributeurs et les illustrations choisies par le compilateur. Le résultat va de Bob Dylan à Kerry James (sans qu'il y ait le moindre jugement de valeur entre ces deux extrémités du spectre), en passant par les Frères Jacques, Jacques Grello et Kids United, Claude François et les Who, les 4 saisons, 7 nation army et 8 mile, soit 102 titres en au moins cinq langues différentes pour 31 contributeurs vivants ou pas.

 

 

Vaste monde cruel

On perd John Mayall, ex-employeur de Jack Bruce, Aynsley Dunbar, Eric Clapton, Peter Green et Mick Taylor ainsi que Phil Lesh, mort reconnaissant et Quincy Jones à qui on pardonne d’avoir contribué à la carrière de Michael Jackson. Les jazzeux Martial Solal, Sylvain Luc et Christian Escoudé et Marc Tobaly, des « Variations » qui portèrent un temps, bien avant Feu Chatterton (mais bien après les compagnons de la chanson) le titre de meilleur groupe français, les acteurs Donald Sutherland et Alain Delon, flic, samouraï lepeniste mais pas trumpiste, Kris Kristofferson : Billy the kid pour Peckinpah et Bobby McGee pour Joplin, le rocambolesque Pierre Vernier, Jacques Lantier, déjà autrefois chanteur de belles chansons d'autrefois, Françoise Hardy, chanteuse et astrologue délicate puis sarkozyste, Jacques Barsamian journaleux à Rock et Floc, Mélanie (dont Dalida a changé la chanson en la reprenant en français), Marie-Thérèse Ordonez dite Maïté, assommeuse d'anguilles, Patrice Laffont : chiffre, lettre et Boyard, Michel Blanc qui n'a jamais chanté étoile ses neiges.

Jimmy Carter ex centenaire er Alexei Navalny, juriste russe à la santé fragile.

 

L’affaire Sarkozy (précision utile « corruption et trafic d’influence, pour les écoutes “Bismuth” ») se conclut par une condamnation à un an de prison ferme sous bracelet électronique avec laquelle il passe les fêtes aux Seychelles en toute légalité puisque « il reste néanmoins à déterminer les modalités, sous environ un mois, soit jusqu'au 18 janvier 2025 environ ».

 

Sous le choc d’une élection européenne peu flatteuse pour ses troupes, le Président compte se refaire une santé et une majorité franche et massive sur le thème « bon, là, vous vous êtes plantés, mais je vous laisse une chance de vous rattraper ». Le résultat reste assez mitigé et après deux mois de tergiversations publiques ou secrètes, on se retrouve avec un ex plus jeune député de France bombardé vieux premier ministre, et comme un pied de nez à ceux qui réclamaient le programme, tout le programme, rien que le programme, un Barnier, tout Barnier avec un peu de le Pen, et toujours la même ministre de la culture. Remercié au bout de trois mois et huit jours, il est remplacé par celui que la France attendait depuis début juillet : François Bayrou (pour les nuls, prononcer Baillerou) et toujours la même ministre de la culture.

 

 

Voyages

On retourne d’abord skier à Val Cenis, destination rendue moins accessible par des agriculteurs pas contents (à tort ou à raison, l’agriculteur est rarement content) et la partie du trajet qui dure habituellement quatre heures en prendra finalement huit. Dans l’intervalle, pour s’informer sur les délais probables, on écoute autoroute info (107.7) qui ne nous cache rien du trajet d’un chevreuil égaré à St-Laurent-Du-Moulin, un pneu crevé à St Martin le Joli-Ruisseau et un enjoliveur détaché à Bourg-sous-Dupont (sortie 23). Par souci de confidentialité, les noms des villages ont été changés, et on désespère de voir un jour un chevreuil sur l’autoroute. Enfin à Val-Cenis, on se photographie fièrement devant un des panneaux retournés. Et ce n’est pas l’effet selfie qui le met à l’envers (pour les nuls, le selfie peut provoquer une inversion gauche droite, mais pas haut bas).

 

On séjourne donc à Perros-Guirec d’où une croisière est organisée pour contempler enfin les macareux des sept îles.

On y regarde distraitement des volatiles sans intérêt, comme les goélands argentés ou bruns, les fous de bassan, les cormorans huppés (excellents pêcheurs, dit-on), les pingouins torda et les huîtriers pie qui se bousculent par milliers sur chacune des îles et qu’on mitraille à tout hasard et à coup de téléobjectif, quand soudain le guide annonce « les macareux moine (53 couples recensés) » « où ça, où ça ? » s’écrie-t-on, incrédule ; et n’ayant rien vu on s’enquiert inquiet si on enverra d’autres. « Ben non, faut pas rêver, 53 couples, ils sont tous là » répond en substance le spécialiste. On regarde jaloux la photo prise par un autre croisiériste dont le téléobjectif a capturé une des bestioles en plein vol (mais le sien était tellement plus gros).

Ce n’est que le lendemain, en contemplant et agrandissant les photos de la veille (pour les nuls, donc du jour de la croisière) qu’on découvre, perdus au milieu des volatiles sans intérêt cinq superbes macareux moine qu’on a photographiés sans les voir.

 

On fait une étape à Azay-le-Rideau où l’on visite un gentil petit château, où l’un se demande quand même ce qu’on va f… à Azay-le-Rideau tandis que l’autre peaufine les derniers détails de la journée du lendemain. C’est quand même là que l’on rencontre un couple de Belges qui a l’écoute des déconvenues relatives aux macareux conseille un voyage en Irlande aux îles Skellig, où, à leurs dires, « là-bas, on marche dessus ».

Après une nuit dans une chambre troglodyte on peut donc, grâce aux contributeurs du 29 février (et aussi un peu grâce à la délicieuse Danaë, coutelière de son état), concevoir et réaliser le couteau parfait à Villaine les Rochers, non loin d'Azay-le-Rideau. Quoi que le résultat soit superbe, on est un peu vexé d’apprendre après coup, dans un catalogue en ligne que l’acier utilisé est un acier pour débutant.

 

En arrivant aux USA, dans l’Amérique de plus en plus profonde, on est à maintes reprises averti des dangers locaux : crotales, ours, bisons, geysers bouillants (illustrés par un enfant éclaboussé qui s’apprête à mourir dans d’atroces souffrances sous le regard impuissant des parents). En cas d’accident, quelles que soient les circonstances et les conséquences, on sait qu’on sera en faute parce qu’on était prévenu et que les crotales et les geysers étaient là avant (comme les Amérindiens, mais c’est une autre histoire).

A Four States Corner, point d’intersection copieusement aménagé et exploité de l'Arizona du Colorado, du Nouveau-Mexique et l'Utah, il est de coutume de se faire photographier à quatre pattes, une main au sud-ouest, un pied au nord-est, une main au sud-est et ce qui reste au nord-ouest. C’est en analysant l’œuvre résultante qu’une IA quelconque classera la photo d’un des participants dans la story « animal poilu » en compagnie d’ours et de bisons mais pas de crotales.

Halloween, qui commence au plus tard le premier octobre réserve au touriste quelques surprises comme des souris dans la coupe à fruit et des araignées dans les corn flakes.

On croise quelques cow-boys (ou juste nostalgiques), qui portent en tout cas, tous les attributs qui ont fait la notoriété de John Wayne, sans oublier l’embonpoint, mais à l’exception du colt remplacé par un téléphone à la ceinture prêt à être dégainé de son étui. Mais on boit plus de margherita que de bourbon.

Bien que ne traversant pas le Texas, on s’arrête et se fait photographier longuement à Paris (Idaho).

 

A peine arrivés, on assiste au débat Trump contre Harris. En entendant le premier prétendre qu'on tue les bébés jusqu'à neuf mois de grossesse, et même à la naissance, puis que « à Springfield, ils mangent des chiens, les gens qui viennent (des migrants), ils mangent des chats. Ils mangent les animaux de compagnie des habitants », on se rassure, (ou on essaie) certains que quelqu’un qui sort de telles énormités ne peut pas être élu, même aux Etats-Unis.

On apprend plus tard qu’il se félicite de la montée du niveau marin puisqu’elle place davantage de propriétés en bord de mer.

Après le débat, on va manger chez les Cubains et on entend le lendemain que certains jugent que Kamala Harris a commis une erreur en souriant un peu trop ostensiblement au moment où l’autre assénait ses pires énormités.

Ben non, Kamala, t’aurais pas dû.

 

On apprend beaucoup (mais pas assez sans doute) du pays, en contemplant les t-shirts et autres souvenirs proposés. Outre les innombrables figures de Trump immortel et prisonnier politique et « le second amendement est mon permis de port d’armes », on note une carte des Etats-Unis commentée d’un « Fuck off we’re full » et un mug qui dit Le matin quand je me lève, j’ai besoin d’un café et de Jésus ». On dégotte péniblement un « Kamala for president ».

Au petit déjeuner, comme on cherche une place, on est invité à s’asseoir près d’un convive qui déclare « I don’t bite », ce dont son air renfrogné permet de douter. Son t-shirt qui annonce un intrigant « Let’s go Brandon » s’avèrera une confirmation de nos craintes (pour les nuls, le plus simple est, -comme nous- d’aller chercher sur internet, et pour les plus impatients, de juste comprendre qu’il s’agit d’une déformation phonétique et devenue virale de « Fuck Joe Biden »).

 

A Cheyenne dont l’animation rappelle celle de Berlin un soir de Noël, on admire les nombreuses statues de bottes qui égaient les rues désertes, mais on s’occupe surtout à chercher un ticket de parking que le distributeur automatique a refusé de délivrer. On se retrouve au commissariat de police dans le bureau du responsable du stationnement. C’est un bonhomme tout en rondeur, moustachu et accueillant qui à notre « we’re in trouble » répond un rassurant « no, you’re not ». Après s’être débattu avec les papiers du véhicule, son P.C. et un traducteur automatique aussi efficace que le distributeur du parking, il n’est pas peu fier quand il laisse finalement une voix de synthèse nous déclarer en français « parce que vous avez eu tant de problèmes, la ville de Cheyenne est heureuse de vous offrir une journée de parking gratuit ».

 

On croise plusieurs fois les traces de Butch Cassidy et le Sundance Kid qui s’avèrent beaucoup moins non violents que les sympathiques Paul Newman et Robert Redford, mais on achète quand même un mug.

 

On s’arrête à Logan, bourgade mormone traversée par deux énormes axes routiers et à part ça : rien. Un temple, un tabernacle, et surtout « pas le droit d'y entrer mais vous pouvez faire le tour ». On se promène en ville. Les gens étonnamment rayonnants, illuminés par leur dieu, nous sourient, nous disent bonjour. On part le lendemain en espérant rencontrer des délinquants à la prochaine étape.

A Bryce Canyon, beaucoup de Français dans le hall de l'hôtel et on entend : « je suis pas de la jaquette flottante ». L'avantage des beaufs américains trumpistes sur les beaufs français, c'est qu'on ne comprend pas tout ce qu'ils disent.

On visite des villes dont les noms célèbrent William Cody, le général Custer, responsables du massacre de ces natives à qui, peut-être pour se déculpabiliser, on a laissé l’exploitation de quelques parcs pas nationaux où ils peuvent également vendre des bijoux aux touristes.

On admire aussi l’ébauche du Memorial de Crazy Horse (pour les nuls, avant d’être le groupe de Neil Young, Crazy Horse était un chef indien de la belle époque où les colons les massacraient) dont la tête mesurera 27 m de haut et qui sera terminée dans cent ans. Toujours dans la rubrique « les Etats-Unis par le t-shirt », on trouve une photo de Navajos qui illustre le texte « The original founding fathers ». En comparant le discours et l’histoire, on s’interroge en se demandant si les etazuniens sont un peuple bourré d’apparentes contradictions et subtilement complexe ou juste de gros nazes qui vont élire un gros con.

 

Au volant d’une « petite » voiture de location (Volskwagen Jetta, longue comme deux fois notre twingo), on reste fasciné par les pick-up gros comme huit fois la twingo (deux fois plus long, deux fois plus large, deux fois plus haut, sans compter le coffre arrière, toujours impeccablement vide), étincelants des jantes chromées au pare-buffle rutilant et qui semblent être la norme pour emmener maman manger une pizza et un t-bone trois blocks plus loin.

 

 

Musique et autres distractions

Dylan termine le rough and rowdy ways tour le quatorze novembre au Royal Albert Hall de Londres. Oiseau de mauvaise augure, Michael Henderson, écrit quatre jours plus tard « So long, Bob Dylan, this is the last time, we’ll see of him ».

On l’a pourtant trouvé, un peu avant, à la Seine musicale, jouant toujours les neuf chansons de son dernier disque (rough and rowdy ways, par un heureux hasard) et huit autres différentes de son dernier passage, plutôt en forme dans son nouveau jeu de scène puisque toutes les trois chansons environ, il sortait clopin-clopant de de son piano-cachette pour se montrer au public et commencer la chanson suivante debout, accroché au micro. On remarque Desolation row, qui déboule comme une cavalcade avec roulement de batterie. On n’a pas reconnu le pourtant fameux Jim Keltner, ci-devant accompagnateur de Lennon, Harrison, Neil Young, Donovan, Céline Dion, et même Ringo Starr.

A la maison de la radio, on retrouve notre Kenny Barron du Village Vanguard et son impressionnant batteur qui en fait encore des tonnes pendant ses nombreux solos. La voisine, venue pour écouter un pianiste, le trouve envahissant. ça se discute, enfin, si on a envie de discuter.

Pina Baush n’est plus, mais on se laisse tenter par les spectacles du « TanzTheater Wuppertal Pina Bausch ».Liberté cathédrale :« Parfois, il faut s’accrocher à une idée instinctive : que le chaos de la volée de cloche est un grand morceau de musique à danser. » dit la critique. On est assis sur la scène du Chatelet et l’on voit une nuée de danseurs sponsorisés par Adidas, (si l’on en croit shorts, chaussures et marcels) courir dans tous les sens, s’agiter horizontalement (comme une mouche agonisante) puis s’empiler verticalement (évocation de la cathédrale ?). On ne sait à quelle idée instinctive s’accrocher. Pour le ballet Barbe Bleue, à l’Opéra, un type assis à un bureau se lève, se précipite sur une femme allongée dans des feuilles mortes, la traîne sur quelques mètres et retourne à son bureau remettre la musique qui s’était arrêtée, puis se lève, se précipite, …

 

On est bien placé pour se rappeler que les années bissextiles sans Covid sont aussi celles des jeux olympiques qui, à deux reprises, détournent la route habituelle du Malakoffiot désireux de rejoindre la capitale. On va quand même admirer la flamme en suspension.

 

 

Travaux et aménagements

Le problème du choix de la couleur de la poubelle destinée à accueillir les restes de salade (végétal ou alimentaire ?) est élégamment résolu par la décision de ne jamais laisser de reste de salade. En revanche, ayant pris l’habitude de brûler du bois dans le tout nouveau et très satisfaisant insert, on est confronté au problème des cendres au sujet desquelles le guide du tri ne pipe mot.

Après la réfection du toit en 2023, la der des ders, on accueille un expert en expertise de « conséquences », c'est-à-dire tous les dégâts causés par les fuites précédentes. L’expert en intérieur jette cependant un coup d’œil sur l’extérieur et déclare que, ah mais oui, mais bon, votre toit n’a pas la bonne pente pour une couverture en zinc à joint debout, dans la région Ile de France et ils auraient dû vous mettre des chatières et les soudures de raccordements sont carrément anarchiques.

Tout cela est couché dans un rapport d’expertise qui, de rebondissement en rebondissement, aboutit au déclenchement d’une procédure judiciaire avec une assignation en référé-expertise dans laquelle on peut lire que « à ce jour, les infiltrations perdurent, aussi les époux HANRIOT n’ont plus la jouissance paisible de leur maison ». C’est tellement bien écrit et émouvant qu’on en pleurerait et qu’on pense qu’un tel tableau ne peut qu’arracher des larmes (et du pognon surtout) au juge chargé de l’affaire.


 

 

 

Chat numéro 8

Inaugure son 13ème collier antipuce / Projet : inaugurer son 14ème collier antipuces (ben, c’est tous les 8 mois).

 

 

Chat numéro 9

Aussi / aussi.

 

 

Spectacles

A la maison de la radio, lors du spectacle « dix mains pour Jarrett » quatre interprètes se succèdent au piano pour un hommage à Keith Jarrett. Les experts en maths et en anatomie auront compris qu’un interprète s’est fait porter pâle. Quoi que quelques spectateurs osent tousser pendant le spectacle, aucun des musiciens n’ose quitter la scène.

 

 

Projets, voyages et déplacements

Trouver les bons vêtements pour ne pas faire tache au mariage d’enfant numéro 2.

Voir des macareux : en Irlande, en évitant de les écraser, et en oubliant que le dernier voyage aux îles Skellig a été entaché par un vertige non surmonté.

On apprend tout juste que le maire de Chicago envisage une action en justice contre les décrets non constitutionnels que son Président vient de prendre. Ça tombe bien, c’est à Chicago qu’on avait projeté de se rendre.

Aller le 7 mai au tribunal de Nanterre pour arguer du manque de paisibilité de la jouissance de la maison.

 

 

Vaste monde cruel

On apprend sans joie excessive mais sans déplaisir la mort d’un autre ex plus jeune député de France et on sait par la même occasion que s’il a échappé à un dernier procès, c’est qu’on lui a diagnostiqué une démence modérée. Sans doute la seule chose modérée chez lui.

On est beaucoup plus triste à l’annonce de la disparition de Garth Hudson, dernier membre de The Band.

 

Eric Ciotti évoque une dérive à gauche et même Bayrou (prononcer Baillerou) en rit encore.

Lors de la cérémonie d’investiture de Donald Trump, on se demande si les marines qui chantent Glory glory Allelujah tirés à quatre épingles, cravate au cou et fourragère à l’épaule sont les mêmes que ceux qui vont débarquer au Groenland et au Canada en treillis et fusil d’assaut au poing.

Convaincu par la conception de la liberté d’expression totale de Trump, Zuckerberg décide de modifier les politiques de Meta afin d'assouplir la régulation de contenu haineux ou trompeur, en clair de laisser n’importe qui dire n’importe quoi. Enthousiasmé par les méthodes de son nouveau maître, il décide, aussi de licencier 5% de ses salariés.

 

A l’affaire Sarkozy (précision utile : celle du financement de sa campagne par Khadafi), Sarkozy affirme que « personne n’y comprend rien », tout est pourtant très bien expliqué dans l’excellent film personne n’y comprend rien. On l’y entend répéter en boucle qu’il est honteux que le service public critique un ancien président de la république. Heureusement que, quand il achète la rétractation du témoin principal de l’accusation, les chaînes privées de Lagardère sont bien là pour diffuser le nouveau retournement de situation.

On a quand même hâte d’être eu 18 janvier (environ).

 

Laeticia Hallyday n’a plus la jouissance paisible de sa maison, mais Beyoncé touchée par la détresse hollywoodienne s’apprête à faire un geste humanitaire dont Patrick Bruel pourrait également bénéficier, si tout va bien.

Beaucoup de Mahorais n’ont plus la jouissance paisible de leur maison.

 

 

Parent numéro 1 : Hélène. Bisous et bonne année.

 

 

Parent numéro 2 : Didier. Bisous et bonne santé.